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Choix d’un vélo pour débuter le triathlon

Souvent les nouveaux viennent voir les plus anciens pour demander des conseils sur l’achat d’un vélo. En fait deux problèmes se posent à celui qui débute en triathlon:

  • quel vélo acheter?
  • où l’acheter?

Pour savoir quel vélo acheter, il faut d’abord choisir un type de vélo. Trois choix s’offrent au triathlète:

  1. le vélo de route classique, tel qu’utilisés par les cyclistes traditionnels, fait pour avoir les mains la majeure partie du temps sur le cintre, spécialement adapté pour rouler en peloton et pour la montagne –  sur ce type de vélo, le poids, la nervosité, l’agilité sont privilégiés. Les triathlètes peuvent lui ajouter un prolongateur court, pour adopter une position plus aérodynamique.
  2. le vélo de type CLM (Contre La Montre), qui est fait pour être la plupart du temps allongé sur un prolongateur long, en position aérodynamique, et qui a de ce fait un tube de selle plus vertical que le vélo de route traditionnel, une selle plus avancée par rapport au boîtier de pédalier. Il est spécialement adapté pour faire de longs trajets plats ou légèrement vallonnés, seul dans le vent – sur ce type de vélo c’est avant tout l’aérodynamisme qui est recherché, plus que l’agilité ou le poids, car c’est l’aéro bien plus que le poids qui fait la performance dans ces conditions.
  3. le vélo de route aéro, qui se veut un compromis entre les deux précédents, sur lequel on met souvent un prolongateur court (ne dépassant pas les cocottes), et pour lequel on recherche à la fois aéro, légèreté et agilité (mais on n’arrive pas à être aussi léger qu’un route classique ou aussi aéro qu’un CLM!). Présentant des formes travaillées pour optimiser l’écoulement des flux, il est généralement plus cher que le route classique à équipement égal. Bien adapté pour le triathlon court, et utilisable en cyclosportives (en enlevant le prolongateur).

En général, les triathlètes les plus performants adeptes du long préfèrent le CLM, ceux du court le route aéro ou classique, et les cyclistes le route classique. Le CLM est interdit sur les courses avec drafting autorisé (certains S et M, jamais sur le Long). Il est rare de commencer sur route avec un CLM: c’est plutôt un vélo qu’on acquiert avec une certaine expérience, quand on se focalise sur le Long et qu’on veut y performer, souvent en deuxième vélo.

Une fois choisi un type de vélo, on peut alors conseiller telle marque ou tel modèle.

Par ailleurs, il faut insister sur l’importance des roues: elles sont certainement plus déterminantes que le cadre dans la performance, les sensations, l’inertie, le confort, l’aérodynamisme…

  • le confort parce qu’elles assurent le contact avec le sol
  • l’inertie car elles tournent, et plus une masse est proche de la périphérie de la roue, plus elle est importante pour l’inertie générale du vélo
  • l’aérodynamisme, parce que la vitesse au sommet de la roue est de deux fois la vitesse au sol du cadre

Il n’est donc pas choquant d’investir dans une bonne paire de roues de compétition (carbone à jante haute) autant d’argent que sur tout le reste du vélo – mais c’est un investissement qui peut être fait sur le tard, longtemps après l’achat d’un vélo avec une robuste paire de roues d’entraînement.

Quant à savoir où acheter, à mon avis 4 options sont possibles:

  1. l’achat en boutique spécialisée: c’est là que l’on aura le plus de conseils, et le plus grand choix de modèles de tous types, et que l’on pourra avoir un vélo exactement adapté à ses besoins et à ses mensurations. Le vélociste pourra donner les meilleurs conseils à l’achat, puis régler et entretenir le vélo. Donc si on ne sait pas quoi faire quand un passage de vitesse broute, que le pédalier craque ou que l’on veut changer une cassette ou un plateau pour faire Embrun, c’est ce que je recommanderais. Les vélocistes font aussi souvent une petite remise aux clubs – faut juste la demander!
  2. l’achat neuf sur le net: en cherchant bien on paiera un petit peu moins cher qu’en boutique, mais on n’aura ni le conseil, ni la proximité, ni le service après-vente de la boutique, et on peut avoir des problèmes compliqués à gérer en cas de litige (qui prend en charge les transports pour les retours, que se passe-t-il en cas de casse pendant le transport, et comment le prouver etc). Et aussi, difficile de choisir à distance la bonne taille et de faire les bons réglages!
  3. l’achat en grande surface (type Décathlon, Go Sport): il peut y avoir des modèles avec un bon rapport qualité / prix en grande surface, par contre il faut savoir que les vélos de grande surface (B’Twin et autres) n’ont pas trop la cote auprès des cyclistes, et qu’ils subissent une décote sévère à la revente. Par ailleurs, on y trouvera essentiellement des modèles « route classique » (et des VTT / VTC), pas de CLM ou de « route aéro » plus sophistiqués.
  4. l’occasion: c’est incontestablement là que l’on trouvera les meilleurs vélos pour un budget donné, par contre ce n’est recommandé que si on s’y connait suffisamment pour éviter les arnaques qui pullulent. Il faut s’y connaître ans la hiérarchie des groupes (par exemple, chez Shimano: Sora < 105 < Ultegra < Dura Ace), voir si le cadre n’a pas pris de pet, estimer la valeur des roues, voir si elles sont voilées, débusquer les contrefaçons chinoises etc. Bien comprendre aussi que sur un vélo, ce qui fait le poids (et souvent le prix) c’est d’abord le groupe, puis les roues, et enfin le cadre, alors que de nombreux débutants pensent que c’est l’inverse. Enfin, il faut prendre toutes les précautions d’usage pour les achats sur le net entre particuliers: ne faire l’achat qu’après avoir vu et touché la marchandise, demander une pièce d’identité et les factures d’origine au vendeur pour éviter de se faire refourguer un vélo volé, faire signer une attestation de vente etc. Enfin, il faut être conscient que bien souvent, la garantie « à vie » qui est accordée à certains cadres n’est plus valide en seconde main. Pour l’occasion, le mieux est d’aller sur des sites spécialisés sur le cyclisme tel que velo101.com ou troc-velo.com plutôt que des sites généralistes comme leboncoin, qui ont une foule de vélos, mais très bas de gamme.

Maintenant, à chacun de choisir. En tout état de cause, bien se souvenir que tant du point de vue du confort que de la performance, il vaut mieux un vélo bien réglé et ajusté à sa personne (hauteur et recul de selle, taille du cadre, longueur de potence, largeur de cintre, longueur des manivelles…) qu’un vélo beaucoup plus cher qui pèserait 1 kg de moins, mais qui serait mal réglé ou mal ajusté.

Nuit Blanche: Glassworlds

Toujours fan de minimalisme et de Philip Glass, nous sommes allés à la Philharmonie écouter Nicolas Horvath lors de la dernière Nuit Blanche de Paris. Il interprétait l’intégrale de l’oeuvre pianistique du maître, soit 12h de musique, en continu, sans aucune pause, de 19h à 7h du matin! Une expérience maximaliste d’une musique minimaliste, réminiscente de mes travaux de rénovation d’antan…

Des chaises longues judicieusement positionnées au plus près de l’artiste permettaient aux plus enthousiastes de suivre attentivement l’interprétation, et aux plus fatigués de bénéficier d’un sommeil récupérateur.

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Mais cette fois-ci, j’ai pu percer le secret de la performance en endurance: les canettes de Red Bull!

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Jeûne thérapeutique

Suite à une émission d’Arte (voir aussi le livre correspondant de Thierry de Lestrade) nous avons décidé de suivre un jeûne thérapeutique. Après tout, le jeune était largement pratiqué, de façon forcée (ou volontaire?) par nos ancêtres préhistoriques. En jeûnant, nous ne faisons que réactiver des mécanismes toujours présents dans notre espèce, aujourd’hui complètement inutilisés, mais extrêmement puissants! Ce sont eux qui ont permis la survie des hommes à travers les siècles et assuré le succès de notre espèce.

Le protocole suivi est celui du Dr F-X Mayr (1875–1965), bien connu en Allemagne et en Autriche: un (tout) petit pain desséché le matin, un autre à midi, accompagné d’un demi-yaourt, et un thé le soir, le tout pendant 2 semaines (moins de 200kcal/j). Une alternative (plus coûteuse!) est la méthode Buchinger (on remplace le petit pain desséché par des jus de fruits et légume). Pendant le jeûne, une activité physique modérée est recommandée: marche, nage souple, qi gong, yoga… Pour ma part, j’ai ajouté un peu de vélo, sans jamais dépasser 115 BPM / 150 W.

Bilan: -5 kg en 15 jours, mais ce sera probablement vite repris, car le but d’un tel jeûne n’est pas l’amaigrissement.

Par contre, ce but peut être sportif: une condition de succès sur les épreuves longues distances est la capacité à brûler les graisses pour trouver son énergie (c’est comme ça qu’on évite le mur du marathon). Le grand champion Sindballe explique ainsi comment il a réussi à transformer son corps en machine à brûler les graisses. Il a essayé différentes méthodes, mais pas le jeûne. Certains courent la matin à jeun pour s’y entraîner, mais ils ont encore des réserves de glucides s’ils ont mangé la veille. De même, des études poussées ont montré qu’il pouvait être très bénéfiques de limiter les apports glucidiques la veille, puis de s’entraîner à jeun le matin, afin d’apprendre à mieux brûler ses graisses pendant l’effort (« sleep low » strategy). Mais au fond, la phase cétonique du jeûne, celle où l’on consomme essentiellement des graisses, ne survient qu’au bout de 4 ou 5 jours. On s’entraîne alors à vivre en puisant dans son stock de graisse (lipolyse), qui est la réserve d’énergie de loin la plus abondante du corps humain, ce qui est très bénéfique pour les sportifs d’endurance (durée d’effort >3h). Cependant, il faut veiller au cours du jeûne à modérer son entraînement, pour éviter les risques d’hypoglycémie ou de fonte musculaire par catabolisme (cycle de Cahill): rester dans la zone de confort aérobie, où l’on peut discuter facilement. Si le jeûne peut être une bonne chose pour apprendre à brûler ses graisses, je ne le recommanderais néanmoins pas à proximité d’une épreuve importante: plutôt à faire en période de coupure.

Mais l’intérêt essentiel du jeûne n’est en vérité pas la perte de poids ou l’entraînement sportif: il est essentiellement thérapeutique. J’étais un peu sceptique au début, mais je dois dire que les effets sur mon arthrose sont assez bluffant. En une semaine, les douleurs ont disparu!

Du coup je suis allé voir de plus près la littérature scientifique qui existait sur le sujet et le résultat est intéressant.

De nombreuses études attestant des effets bénéfiques du jeûne sur de nombreuses pathologies: maladies cardio-vasculaires (maladies coronariennes, insuffisance cardiaque, troubles de la circulation artérielle, insuffisance veineuse), maladies du dos et des articulations, hypertension, arthrose, arthrite, polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, maladies du tube digestif, épuisement physique et psychique,migraines et maux de tête, allergies dont asthme, surpoids, hyperlipidémie, hypercholestérolémie, hyperuricémie, diabète de type II, stress, tabagisme…

En français, la méta-étude la plus complète sur le sujet est sans doute celle de l’INSERM.

Elle fait une revue des études sur le sujet, note de nombreuses études attestant des effets bénéfiques du jeûne, mais reste très prudente dans ses conclusions, concluant sur la nécessité de poursuivre des recherches, et contestant la rigueur des études passées.

Cependant, cette méta-étude est elle-même marqué par un gros biais. Pour des raisons pratiques, les auteurs n’ont considéré que les résultats publiés en français ou en anglais. Or l’essentiel des études et des expériences sur le sujet a été fait en Allemagne et en Russie, par des auteurs qui n’ont pas toujours pris le soin de traduire en anglais leurs études. Par exemple, une étude de l’université d’Iena sur les effets du jeune sur l’arthrose est complètement ignorée. Et il est clair que les caractéristiques du jeûne font qu’on ne peut pas le traiter statistiquement comme un traitement médicamenteux: impossible de faire un test en aveugle (il n’y a pas de jeune placebo, impossible de faire jeûner un patient sans qu’il sache s’il jeûne ou pas!), et également impossible de faire un test randomisé: on ne peut pas choisir au hasard des patients pour faire un jeune, car la décision de jeûner est le résultat d’un long processus d’élaboration mentale, qui n’aboutira pas pour un grand nombre de personnes.

Pour autant, ce n’est pas parce que la nature du traitement fait qu’il est impossible d’utiliser les outils statistiques classiques permettant de s’assurer scientifiquement de son efficacité qu’il est inefficace!Ou que ceux qui le pratiquent sont des charlatans… La nature n’a que faire de considérations méthodologiques. Au regard des nombreuses expériences menées, des témoignages anecdotiques et de mon expérience personnelle, je serai tenté de dire que le jeûne, ça marche!

15 conseils pour la natation en triathlon

 

Pour aller vite en nat sur un triathlon, il y a bien sûr avant tout le travail de fond qu’il faut faire en piscine pour s’entraîner et apprendre à bien nager, pour lequel nous bénéficions des conseils de nos entraîneurs.

Mais il y a aussi pas mal de choses qu’on ne découvre que lentement, en pratiquant les triathlons, des petits trucs qui permettent de mieux sortir de l’eau sans passer forcément par de longues heures d’entraînement. Des trucs qui m’ont toujours permis de nager en eau libre au-dessus de mon niveau en piscine.

J’ai essayé de résumer tout ça. Les vieux briscards n’apprendront rien, mais les débutants pourront peut-être piocher des idées. A prendre ou à laisser!

Le départ

1. Le mass start au départ du triathlon peut parfois être impressionnant quand on débute. Il faut plonger dans la mêlée sans crainte, avec générosité et ardeur, avec le sentiment d’enfin se libérer de la pression accumulée avant la course – avoir l’esprit rugby, aller au paquet sans crainte, décontracté, dans le plaisir, la joie et l’allégresse!

2. Bien se positionner au départ: estimer avec lucidité et humilité son niveau de natation, et se positionner en fonction. Se placer en première ligne que si on sort régulièrement de l’eau dans les premiers 10%, se mettre au milieu si on sort au milieu, à la fin si on sort à la fin. C’est le meilleur moyen de ne pas se faire nager dessus, et de trouver des gens de son niveau avec qui on pourra optimiser sa nage.

3. En cas de départ ou d’arrivée sur une plage, ou en cas de passage à faible profondeur, se pose la question de la stratégie optimale de déplacement. Chacun a ses préférences, mais en règle générale, ce qui marche bien, c’est: eau jusqu’au genoux -> courir, eau à la taille -> dolphining, eau aux épaules -> nager – ceci évidemment si le fond est sain (pas de cailloux coupants ou de verre cassé… auquel cas on privilégiera la nage)

Matériel

4. Prendre des lunettes masques (type Aquasphere) plutôt que des petites lunettes: on y voit mieux pour s’orienter, et on risque moins la blessure en cas de coup de pied dans la figure

Drafting

5. Profiter du drafting, puisqu’il est légal en nat: se mettre soit juste derrière un nageur, soit avec la tête au niveau de sa hanche, en évitant de le toucher bien sûr, pour pas l’énerver! Le gain de vitesse peut être significatif (quelques secondes par 100m).

6. Ne pas rendre les tirages de pieds ou les baffes: celui qui vous en a collé une ne l’a probablement pas fait exprès, si vous rendez , vous allez perdre du temps, de l’énergie et de l’influx, et après il voudra vous le re-rendre. Ignorer les coups, ne pas s’énerver, et rester concentré sur l’objectif: arriver le plus vite possible dans le meilleur état possible!

7. Bien choisir le nageur drafté: prendre un gars un peu plus fort que soi (mais pas trop fort!), qui nage droit, régulièrement, et avec un battement de jambe pas trop fort.

8. Si le drafté n’est pas si fort que ça, le relayer quand il faiblit, ou alors aller chercher un autre groupe: le but est d’aller plus vite en suivant un gars plus fort que soit (ou qui suit quelqu’un qui suit quelqu’un plus fort que soi), pas de se faire endormir sur un faux rythme confortable. Drafter peut faire gagner du temps, mais il vaut mieux nager seul ou devant rapidement que derrière un autre lentement!

Orientation

9. Pour s’orienter, la première chose c’est d’y voir clair! Pour éviter la buée, mettre un peu de shampoing dans les lunettes avant le départ, et ensuite bien rincer pour que ça ne pique pas les yeux.

10. Bien visualiser et mémoriser avant le départ le parcours nat, pour gérer correctement sa course et ses allures – mobiliser son intelligence situationnelle: savoir exactement combien il y a de bouées et de virages à passer, pour savoir à tout instant où on en est. Par exemple on peut décider en course de faire 200m à fond jusqu’à la première bouée pour bien se placer, puis décider que si on est dans le premier tiers du parcours, ça peut valoir la peine de se mettre dans le rouge deux ou trois minutes pour attraper de bons pieds, et on peut décider que ça ne vaut plus le coup de vider ses lunettes si elles sont pleines de flotte quand on est à 100m de l’arrivée.

11. Parfois les bouées sont difficilement visibles (petites bouées, vagues en mer…). En mer, s’orienter lorsqu’on est en haut de la vague, et de façon générale, prendre des points de repère hauts sur l’horizon: bâtiments ou arbres sur la rive, bateau, soleil, colline… Il faut mémoriser ces repères hauts avant le départ, ou au pire juste après les virages.

Choix d’itinéraire

12. Aller au plus court au virage à la bouée si on ne craint pas les baffes, contourner à l’écart sinon – on gagne alors largement en ne frottant pas ce qu’on perd en distance (1 ou 2m).

13. Bien « lire » l’eau avant le départ. En mer (exemple: La Baule), il y a souvent du courant, dû aux marées. Il est important d’analyser la force et la direction de ce courant. L’idéal, c’est d’observer une course avant, et de voir comment les nageurs sont déportés. Le plus souvent, la ligne des nageurs fait une sorte de courbe entre le départ et la première bouée, vers la gauche si le courant porte à gauche ou inversement. Plus le courant est fort, plus la courbe est marquée. Si le courant porte à gauche, il faut partir à droite de la ligne de départ, et viser la droite de la bouée, et ce d’autant plus que le courant est fort  – et inversement bien sûr. S’il n’y a pas de course avant, regarder dans quelle direction les bateaux amarrés s’orientent.

14. En rivière, le courant est encore plus important. Bien repérer à l’avance les endroits où le courant est le plus fort pour en profiter, le plus souvent au milieu, mais pas toujours. Parfois (ex: Sartrouville), il faut remonter la rivière. Là, il faut au contraire repérer les endroits où le courant est faible, le plus souvent près des berges, ou idéalement derrière un obstacle faisant barrage (par exemple une pile de pont) pour profiter à plein du contre-courant qui remonte. Pratiquer un peu le canoë est un bon moyen pour apprendre à lire une rivière.

Allure

15. L’allure doit s’adapter selon la course. De façon générale, plus la course est courte, et plus il est important de bien sortir en natation, surtout si le drafting est autorisé en vélo, et plus elle est longue, moins la natation est importante dans le résultat final. Donc sur distance courte (S, M), surtout si le drafting est autorisé, ne pas hésiter à faire la natation à fond. Sur distance longue (L, XXL), la journée sera longue, le vélo et la CAP feront le résultat, donc on essaiera plutôt de poser sa nage et de ne pas sortir trop fatigué.

Bonnes courses!

La Grâce de Port Royal

En fin de sortie vélo, je grimpais la bosse de Port Royal dimanche dernier.

Elle n’est pas bien longue ni pentue, mais elle vient toujours en fin de sortie, car il est de tradition de tourner dans le sens des aiguilles d’une montre en Chevreuse, et je la trouve toujours plus dure que ce que ses modestes dimensions laisse prévoir.

Et je pensais à ces théologiens jansénistes, qui autrefois hantaient l’Abbaye toute proche, aujourd’hui en ruine. Et je pensais à la Grâce. Quelle divine prémonition ils avaient eue, en voyant cette Grâce divine comme immanente, accordée par Dieu à certains rares sujets, indépendamment de toute volonté ou vertu humaine, niant le libre-arbitre. Ils avaient tout vu, tout compris, l’incapacité d’échapper à notre destin, et cette généralisation des people dans notre psyché collective, la téléréalité, Nabila… tous ces êtres touchés par la Grâce, admirables, respectés et adulés pour ce qu’ils sont, et non pour ce qu’ils font ou ce qu’ils ont, ce vieil idéal philosophique de l’Etre supplantant l’Avoir enfin réalisé.

Et tandis que je grimpais la côte, je pensais à ma déchéance, et à la Grâce qui m’a abandonné. Avant, je me battais sur ces bosses, luttant pour les titres de KOM en face de l’Auberge du Chant des Oiseaux, le mollet fringuant et les watts en besace. Aujourd’hui, je prie en espérant pouvoir suivre le grupetto au train, et je n’ose pas me mettre sur Strava…

Deauville

Mardi, on était à Deauville.

Pas grand monde sur la plage, une eau à 15°, mais j’ai quand même nagé 1/2h. Je ne peux pas résister dès que je vois de l’eau.

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Cette photo est un peu comme le corps humain. Symétrique en apparence, mais de nombreux détails viennent rompre le bel équilibre, rien n’est vraiment droit ou horizontal. Un bras un peu plus fort, un bassin déséquilibré, une jambe un peu plus longue. Et nous devons accepter et exploiter cette dissymétrie pour mieux nager.

Recension: Natation / méthode d’entraînement pour tous

Dans ma longue expérience, le petit monde des piscines se divise en 2 catégories bien séparées: les nageurs de Club et les autres.

Nager à côté d’une ligne d’eau ou s’entraîne un bon groupe de Club est une expérience qui nous rappelle vite à l’humilité. Mais nager au milieu du public est tout aussi révélateur, et nous révèle la médiocrité consternante du nageur moyen!

Comment combler cet écart, comment réduire cette terrible fracture natatoire qui divise les français?

Pour s’approcher du niveau du nageur de club, le mieux est évidemment de s’inscrire dans un club de natation  et de s’y entraîner, sous la direction d’un bon entraîneur. Mais tout le monde n’a pas cette possibilité: horaires incompatibles, Club saturé… et à vrai dire, les bons entraîneurs sont plutôt rares.

Le bouquin de Mathieu Chadeville, « Natation / méthode d’entraînement pour tous » est sans doute ce qui se fait de mieux pour celui qui n’a pas la possibilité ou le désir de s’entraîner en club. Voir aussi son site web: www.natationpourtous.com.

L’approche technique est intéressante. Plutôt que de donner une description du « geste parfait » comme on en voit souvent dans la littérature, l’auteur préfère donner (dans le chapitre 3) cinq « principes de base » à respecter. J’adhère à 100%. On assiste souvent en natation à des querelles byzantines sur le bien-fondé de tel ou tel geste (retour bras tendu vs. coude haut, mouvement sous l’eau en S vs. bras droit, respiration bilatérale vs. monolatérale, nager plat vs. roulis…). Or ce que l’observation des élites nous apprend, c’est qu’il y a une très grande variabilité des mouvements parmi les très bons nageurs. La seule chose qui reste à peu près constante à travers la grande variété de styles rencontrés, c’est le respect des 5 principes énoncés par Matthieu. En nageant, il faut donc se concentrer sur ces principes (le pourquoi), et adapter en conséquent le geste (le comment), selon ses capacités morphologiques et physiologiques. C’est ainsi que l’homme a pu voler: non pas en essayant de comprendre COMMENT l’oiseau volait (en battant les ailes), mais POURQUOI (l’intrados, l’extrados et la portance qui en résulte). Rien ne sert à un débutant d’essayer d’imiter Phelps – mieux vaut comprendre POURQUOI il nage si vite, et appliquer les principes qui en découlent selon ses capacités.

Le livre donne aussi une liste d’accessoires (pull-buoy, plaquettes, planche, tuba, palmes…) utiles pour l’entraînement, ainsi qu’une liste d’éducatifs, sans tomber dans la surabondance inutile que l’on peut parfois observer dans ce type d’ouvrage.

J’ai lu pas mal de livres qui insistaient sur les aspects techniques de la natation, mais suivre leurs conseils est finalement assez illusoire. Ils pourraient laisser penser qu’il suffit de lire un livre, d’apprendre le bon geste, et ensuite de le reproduire en piscine pour bien nager. Or ce n’est pas tant la connaissance abstraite du bon geste qui est nécessaire, c’est la capacité de l’adapter à sa morphologie (souplesse, capacité pulmonaire, amplitude…) et de le réaliser sans faiblir, de façon répétée, à différentes allures, à des degrés différents de fatigue. La clé de cette maîtrise n’est pas dans la connaissance intellectuelle du geste, elle est dans le processus (appelé entraînement) qui permet de se l’approprier et de s’adapter physiologiquement pour le réaliser sans faiblir sur plusieurs kilomètres.

Le livre n’insiste donc pas trop sur les aspects techniques, mais porte sur ce qui compte vraiment pour progresser: l’entraînement.

La méthode proposée est extrêmement structurée, et je suis sûr qu’elle permettra de faire des progrès très significatifs à ceux qui la suivent. Personnellement, je ne peux pas la suivre puisque je m’entraîne en Club, mais je m’inspire désormais de certains de ses principes quand j’ai l’occasion de nager seul. La méthode est données sous la forme de plans d’entraînement, permettant de couvrir à peu près une saison, à raison de 2 à 4 entraînements par semaine. Elle est déclinée selon le niveau de pratique du lecteur, ce qui permet de couvrir une cible très large: du débutant (qui sait quand même nager – ce n’est pas un bouquin pour apprendre à flotter!) jusqu’au bon nageur, sans aller toutefois jusqu’aux nageurs d’élite, qui bénéficient de toute façon des conseils personnalisés de leur coach.

La méthode fait une très large utilisation du swolf, c’est à dire d’une mesure cumulant temps (en secondes) et coups de bras pour donner une estimation de la qualité de nage.
L’approche swolf est parfois contestée, mais à mon sens c’est quand même ce qui se fait de mieux pour concilier l’inconciliable: technique et vitesse. L’équation fondamentale de la natation est: vitesse = fréquence de bras x amplitude, et tout l’art est d’arriver à trouver son couple fréquence/amplitude optimal. La qualité technique de nage est souvent assimilée à l’amplitude, mais quand on est obnubilé par la diminution du nombre de coups de bras par longueur (c’est à dire l’augmentation de son amplitude), on finit souvent par se traîner en « glissant » de façon interminable, ce qui forcément fait perdre de la vitesse, tandis que ceux qui sont obnubilés par le chrono ont tendance à détériorer leur technique de nage, en accélérant la cadence jusqu’à l’excès, au détriment de l’amplitude, ce qui oblitère leur capacité de progression à moyen terme. L’approche swolf a le mérite d’encourager la recherche d’une technique optimale, se traduisant par une amplitude de nage élevée sans que cela se fasse au détriment de la vitesse, qui reste quand même l’objectif numéro 1 et le juge de paix ultime.

Dans la méthode, le swolf est utilisé aussi bien pour se tester et mesurer ses progrès qu’au cours de l’entraînement en tant que consigne. Le swolf peut être calculé de tête, ce qui est facile mais nuit à la divagation des esprits nageurs, ou être automatiquement calculé au moyen d’une montre dédiée, telle que la Poolmate HR.

Au total, le livre me semble un excellent moyen de progresser en natation pour tous ceux qui n’ont pas la chance de bénéficier des conseils d’un bon coach.

Au titre des réserves, je dirais cependant que si le livre est parfaitement adapté pour celui qui veut bien nager en général, il l’est sans doute un peu moins pour les triathlètes, qui constituent une part grandissante des nageurs « sérieux » hors club dans nos piscines. En effet, si le livre fait bien une large part à la nage dominante, il laisse une belle part à la pratique des 4 nages. Or certes, le 4N est intéressant pour tout le monde (aspects musculaires notamment, rendant la nation un vrai sport complet), mais les triathlètes auront plutôt tendance à aller à l’essentiel, en réduisant à la portion congrue le 4 nages et en se concentrant sur le crawl. Une version du livre adaptée au triathlon (avec moins de 4N et des addendums sur l’orientation, la nage en combinaison, la nage en eau libre, le drafting etc) serait bienvenue, un peu comme Terry Laughlin, qui avait adapté les principes de Total Immersion au triathlon et en avait conçu un ouvrage spécifique.