Test de la Poolmate HR

J’ai eu la chance d’être sélectionné pour tester la montre Poolmate HR, de Swimovate et voici donc un petit retour d’expérience.

Avertissement liminaire: je possède un cardiofréquencemètre Polar S725X, et donc c’est un peu ma référence. Je me base pas mal sur mon expérience de cette montre, que j’utilise avec le logiciel Polar Pro Trainer, pour faire ce retour d’expérience.

 

La montre Poolmate HR

La première fonction de cette montre est le contrôle de la fréquence cardiaque, et pour ça, le système est au point, même dans l’eau – ce qui est loin d’être le cas de tous les cardiofréquencemètres. Par contre, il faut bien serrer la ceinture pour qu’elle ne glisse pas sur la poitrine lorsque l’on pousse au mur. Pas grand chose à dire sur le sujet, j’ai juste essayé un jour pour voir si ça marchait, mais je n’aime pas la sensation de la ceinture en nageant, et je ne m’entraîne pas au cardio en natation.

Une seconde fonctionnalité importante de la montre est la détection automatique des coups de bras et des virages, ce qui permet de compter le nombre de longueurs et la distance parcourus, ainsi que le nombre de coups de bras par longueur, qui est un critère clé pour optimiser sa technique de nage.

La montre calcule également l’efficacité de nage (efficiency): plus on est efficace, plus elle est basse (ce qui est un peu contre-intuitif). L’efficacité est calculée en ajoutant le nombre de secondes par 25m au nombre de coups de bras (comptage de type golf: « swolf »). Un bon objectif de séance est de minimiser son score d’efficacité: ça oblige à nager en amplitude sans pour autant sacrifier la vitesse, défaut que l’on constate souvent chez les nageurs qui cherchent à optimiser leur « glisse » à tout prix.

La surveillance du nombre de CDB et de l’efficacité de nage permet une évaluation de sa technique de nage et de son évolution dans le temps, au cours d’un entraînement comme dans la saison. C’est vraiment là que se trouve le vrai point fort de la montre.

J’avais il y a une dizaine d’années déjà eu une montre avec cette fonction (le Speedo Stroke Monitor de Bill Geiser), mais elle présentait des problèmes de fiabilité, la détection de l’entrée de la main dans l’eau se faisant au moyen de 2 électrodes qui avaient tendance à s’encrasser. Le système de la Poolmate, basé sur un accéléromètre semble beaucoup plus fiable et précis.

Cependant, un tel système ne peut marcher évidemment qu’en crawl. Les longueurs de jambes en planche par exemple ne sont pas décomptées, et les nages autres que le crawl sont mal reconnues. Ce qui est dommage c’est que non seulement le système ne compte pas les CDB, ce qui est logique, mais il ne détecte pas non plus les longueurs nagées, ce qui l’est moins.

Une critique ergonomique: le bouton qui sert tout le temps lors de l’entraînement, c’est celui en bas à gauche (start/pause/stop). C’est celui qu’il faut presser lorsque l’on a terminé une distance (un 100m ou un 200m par exemple), ou lorsque l’on en démarre une autre. Or celui-ci n’est pas très atteignable, surtout si on porte la montre à gauche comme la plupart des gens, et que l’on a des plaquettes aux mains. On le rate facilement dans le feu de l’action. Un gros bouton start/stop central façon Polar me semble une option bien préférable.

Par ailleurs, le décompte de la distance et du nombre de longueurs est d’un intérêt moyen en ce qui me concerne. Ça fait longtemps que je fais ça simplement en regardant mon chrono. Tout nageur expérimenté connait instinctivement sa vitesse de nage au 100m à 2 ou 3s près, et il lui suffit donc de regarder le chrono au vol lors d’un virage pour savoir exactement où il en est de son 400m ou de son 800m.

A ce sujet, un gros défaut pour moi est le format d’affichage, et deux points en particulier: l’affichage des secondes et l’absence de double affichage chronométrique.

Quand je nage, le nombre le plus important est le nombre des secondes. De toute façon, je sais parfaitement dans quelle minute et dans quelle heure je suis. Le nombre de secondes est donc le nombre le plus important, le seul nombre important même, mais il est malheureusement écrit en tout petit sur l’affichage, plus petit que les heures et les minutes,   pourtant beaucoup moins importantes. On voit le préjugé de l’ingénieur qui pense que parce qu’une minute ou une heure c’est plus long qu’une seconde, il faut l’écrire en plus gros ! Très gênant lorsque l’on tente de lire son temps de passage à la volée lors d’un virage, en un quart de seconde, avec de la buée dans les lunettes. Un affichage au 10ème de seconde (et non à la seconde) serait aussi un plus, surtout sur les séries courtes.

L’autre point noir est l’absence de double affichage chronométrique. Je m’explique.

Avec ma Polar, je la configure toujours en nage de façon à avoir en haut l’affichage du chrono écoulé depuis le début de la séance, et en bas l’affichage du dernier set en cours (temps écoulé depuis que j’ai appuyé sur start/stop).

Ce double affichage est essentiel, parce que l’essentiel de mes séries se fait sous la forme « n fois x mètres départ toutes les y minutes/z secondes »).

Prenons un 10x100m D1’40. Je pars par exemple lorsque le chrono total est à 36’00 », et je sais que mon prochain départ sera à 37’40 », le prochain à 39’20 », le prochain à la minute (41’00 »), puis on recommence: 40″ / 20″ / 0″ / 40″ / 20″ /0″… Et à chaque départ et arrivée de 100m je clique sur start/stop pour afficher en bas (et enregistrer) le temps de mon dernier 100m, et je regarde en haut le chrono total pour me donner le prochain départ. Très utile pour donner les départs lorsque l’on n’a pas de chrono mural.

On n’a par contre pas cette fonction sur la Poolmate, on a seulement le temps du set en cours, ce qui oblige à se donner des récup en temps absolu (Récup 15″ par exemple) au lieu de pouvoir donner un départ toutes les… Encore un net point d’amélioration, donc.

Egalement, les unités sont un peu contre-intuitive, même si ce n’est pas rédhibitoire.

Par exemple, l’indicateur de vitesse (speed): plus il est petit, plus on va vite! C’est qu’en fait ce n’est pas une vitesse qui est indiquée, mais un nombre de secondes par 100m, soit l’inverse d’un vitesse. De même pour l’efficacité de nage, mentionnée plus haut: plus elle est basse, plus on est efficace.

De ce fait, quand on regarde ses courbes d’évolution technique avec le logiciel, il vaut mieux voir ces courbes baisser que monter (alors que l’on a plutôt intérêt à voir monter le stroke length). Le tout est de le savoir.

 

Le logiciel Polmate Pro

L’installation du logiciel peut parfois poser problème. Heureusement la consultation de l’aide du site de swimovate permets de trouver la procédure d’installation manuelle du driver, l’installation automatique ayant échoué (sous Windows 7).

L’affichage est bâti sur un système d’onglets en haut à gauche: Summary, Logs, Sets, Laps, Pool.

Ce qui n’est pas évident à comprendre (et qui est d’ailleurs contraire aux règles d’ergonomie d’utilisation des onglets), c’est que certains de ces onglets ont une relation hiérarchique entre eux. L’onglet Logs montre les Logs (traces d’une session) d’une journée donnée. Il faut sélectionner un des logs (une des sessions) en cliquant quelque part dans la longue liste des informations du Log pour le sélectionner, et alors, en cliquant sur l’onglet Sets, on a les sets du log en question. De même, lorsque l’on clique l’un des sets dans l’onglet Sets, on peut alors cliquer sur l’onglet Laps pour voir les laps (longueurs) du set sélectionné.

Un défaut du logiciel est de n’afficher que les temps des distances qu’il a reconnu en tant que telles (pas les distances nagées en jambe par ex), et de ne pas afficher la durée des récup dans les séries ou entre les séries, information pourtant disponible puisqu’on peut la retrouver sur le graphisme montrant l’évolution de la fréquence cardiaque (quand cette fonction est activée).

Un des avantages de l’utilisation d’un tel logiciel est qu’il peut avantageusement remplacer le carnet d’entraînement, dans lequel on est censé noter soigneusement ses entraînements.

Néanmoins, pour remplacer un carnet d’entrainement, il faudrait un logiciel qui fasse preuve d’un peu d’intelligence, et qui soit capable de reconstituer la structure de l’entraînement. Au lieu de mettre une suite de distance nagées, par exemple:

400m 6’05

200m 4’45

200m 2’55

200m 2’57

…ce dont je rêve, c’est d’un logiciel un peu plus intelligent, qui me donnerait l’entraînement tel qu’il est structuré, tel qu’on le noterait sur un carnet d’entraînement, c’est à dire qui soit capable de reconstruire les séries, ce qui ne doit pas être très compliqué. Par exemple, il donnerait:

400m Free 6’05

200m Jambes 4’45

8x200m Free D 3’20 (s’il a détecté un top de départ à peu près constant toutes les 3’20), ou R20″ (s’il a détecté une récup à peu près constante de 20″ entre les 200m).

Evidemment, il ne s’agirait que d’une proposition du logiciel, que l’on pourrait reprendre manuellement.

Pour chaque set, on pourrait aussi ajouter des commentaires et indiquer le type de nage (pull, pull plaq, éduc, jambes, 4N, rattrapé, water-polo…).

Ensuite, en cliquant sur une série, par exemple le 8×200, on pourrait avoir le détail: temps sur chaque 200 de la série, efficacité, nombre de CDB etc).

Avec un peu plus de sophistication, on doit même pouvoir gérer les pyramides.

En résumé

Un excellent outil pour mesurer ses progrès techniques en natation, grâce au comptage des coups de bras et de l’efficacité / swolf. Mais encore des progrès à faire sur l’ergonomie de la montre pour égaler des modèles plus aboutis, et je n’ai toujours pas trouvé le logiciel idéal du nageur, celui qui peut reconstituer automatiquement la logique des entraînements à partir des mesures, et donner des interprétation et indications de progression.

 

4 réflexions sur « Test de la Poolmate HR »

  1. Thierry Leloup

    Bonjour Olivier,

    Merci pour ce test très complet avec beaucoup de bonnes idées d’améliorations du logiciel qui est, il est vrai, perfectible.

    Juste une remarque, la Poolmate HR compte très bien les coups de bras et les longueurs en brasse, papillon et dos crawlé.

    Sportivement,
    Thierry
    Importateur Poolmate pour la France et la Suisse

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    1. Silber Auteur de l’article

      Au temps pour moi… C’est vrai qu’en tant que bon triathlète, je travaille essentiellement le crawl, très peu de brasse/dos/pap. Mon impression que la poolmate avait du mal sur ces nages était due à une erreur que j’avais relevée quand j’avais fait quelques longueurs en mixant sur un 200m des 25m rattrapé et des 25m dos, mais rien de conclusif…

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  2. FrédéricLN

    Bravo déjà pour l’effort de développement (et l’effort de test). N’étant que coureur, et la course semble beaucoup plus simple à programmer, je n’ai pourtant pas encore trouvé une montre d’entraînement où programmer des séances de fractionné classiques (pyramides…) de façon ergonomique — et à coût acceptable.

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