Archives mensuelles : août 2011

Championnat d’Ile de France de triathlon

Heureux d’être en tête du Championnat d’Ile de France de triathlon (enfin, dans les plus de 40 ans, bien sûr…).

http://www.idftriathlon.com/htdocs/resultatDetail2.asp?IdFichierResultat=1876&fichier=IDFTRI2011VH.xls

Classement complet:

http://www.idftriathlon.com/htdocs/downloadfile.asp?file=IDFTRI2011VH.xls

 Bien sûr, il y en a de plus forts derrière au classement, mais quand même, cette domination n’en est que plus méritée, puisqu’elle est le résultat d’un patient cumul de points âprement glanés sur les courses de notre région, tandis que des concurrents plus talentueux ou mieux entraînés – et donc moins méritants puisque plus faciles dans leurs succès – ont préféré trahir leur région et aller exprimer leur talent sur des épreuves plus lointaines et prestigieuses. Opiniâtreté et consistance finissent toujours par payer!

La pyramide des sports

 

En bas, tout en bas de la Grande Pyramide, se trouvent les « sports » dits mécaniques: formule 1, rallyes, moto, quad, motonautisme, scooter des mers… Toutes ces activités qui revendiquent le beau nom de sport, mais ne sont en fait que prétexte au déchainement de la puissance motorisée. Ces soi-disant sports sont en fait l’antithèse même du sport: la puissance des moteurs et le savoir-faire dévoyé de nos ingénieurs se substituent à la faiblesse des corps et des esprits de ceux qui les pratiquent. Ils sont en bas, tout en bas, car non content de nier la valeur de l’effort et de l’esprit humain, leurs pratiquants souillent notre environnement, gaspillent nos ressources naturelles et nous cassent les oreilles. La taille de leurs engins, substituts phalliques trop évidents, n’est que proportionnelle à leur égo et à leur arrogance: démesurés. Aussi ces pseudo-sports n’ont-ils droit qu’à notre mépris, et c’est sans regret que nous constatons leur éradication progressive de notre pays.

Au dessus dans la grande pyramide, au dessus de la ligne qui délimite le côté obscur des sports mécaniques, viennent les Loisirs. Activités peu exigeantes mais sympathiques, pratiquées par tout un chacun, populaires (la pétanque, la marche…) ou plus élitistes (le golf, la voile, le ski…), et qui ont au moins le mérite de ne pas se prendre pour plus que ce qu’elles sont. Le pratiquant, s’il a gardé un minimum de sens commun, y renonce à toute notion de performance ou de dépassement, et cherche avant tout à s’aérer la tête et, surtout, à entretenir le lien social. Leur facilité d’accès les rend immensément populaire dans la pratique, si ce n’est dans les médias, puisque leur spectacle n’offre rien de vraiment exaltant. Bien sûr, quelques dérives élitistes apparaissent ici et là, mais enfin, personne n’a jamais pris sérieusement un golfeur ou un voileux pour un sportif de haut niveau malgré ce que la presse populaire voudrait nous faire accroire.

Au dessus des Loisirs viennent les Jeux: football, basket, rugby, tennis… Avec les Jeux, on peut commencer à réellement utiliser le mot de Sport, car la notion d’effort commence ici à apparaître – même si cela n’a bien sûr rien à voir avec un vrai sport d’un point de vue cardiovasculaire. Le plus souvent, le fait d’être à plusieurs sur une balle limite forcément la continuité de l’implication physique, et à la moindre défaillance, un remplaçant tout frais accourt. Un bon footballeur courre une 10aine de km par match, ce qui est évidemment ridicule. De par leur caractère ludique, les Jeux constituent naturellement la catégorie de sports la plus populaires en terme d’audience, puisqu’ils sont plaisants à regarder, même pour l’ignorant de la chose sportive. Cependant, c’est paradoxalement cette popularité même qui fait bien souvent leur perte, car qui dit popularité dit argent, et l’argent corrompt le sport. Le football en est l’illustration la plus caricaturale, avec une instance mondiale (la FIFA) complètement discréditée et ouvertement corrompue, une instance nationale (la FFF) sans gouvernance ni contrôle, des supporters racistes et violents, et des athlètes multimillionnaires qui se comportent en enfants gâtés, plus attirés par l’argent facile que par le goût de l’effort. Quelle pitoyable modèle on donne à la jeunesse, en payant par millions ces sous-athlètes? Ils s’entraînent moitié moins qu’un nageur départemental, et n’arriveraient pas à la cheville d’un honnête coureur régional d’un point de vue physiologique. Et tout ça parce qu’ils sont simplement dotés d’une bonne grosse dose de roublardise et pas trop maladroit du bout de leurs pieds… Heureusement, la baisse continue du nombre de licenciés nous laisse espérer qu’enfin les français ont pris la mesure de l’impasse humaine et sportive que constitue le football, et se tourne vers des pratiques plus nobles.

Au dessus de la vaste cohorte des Jeux se trouvent les vrais, les Grands Sports: vélo, ski-alpinisme, natation, course à pied, trail, aviron… Les Grands Sports se distinguent des Jeux en ce que l’effort est l’essence même de leur pratique, et non l’amusement, le divertissement, ou la volonté de dominer l’autre. L’amateur de Grand Sport aime l’effort, et la souffrance qui lui est nécessairement associée, et tire plaisir de cette souffrance – phénomène qui ne nécessite d’ailleurs pas d’aller explorer les méandres d’un inconscient masochiste, puisqu’il est aujourd’hui parfaitement expliqué par des mécanismes hormonaux élémentaires. Le Grand Sportif est dur à la tâche, et recherche son propre dépassement avant celui des autres. A un certain niveau, la pratique des Grands Sports exige un entraînement constant et acharné. La pratique d’un Grand Sport à haut niveau exige un mental d’acier, un caractère trempé, le renoncement à toute facilité, voire parfois même à la sociabilité, un style et une hygiène de vie qui condamnent tout écart. Les exploits des Grands Sportifs restent à jamais gravés dans nos mémoires, car quand ils ont réussi, c’est qu’ils ont touché les limites de l’Humain.

Cependant, si l’exigence des Grands Sports est sans pareil pour forger une force mentale et physique inoxydable, force est de reconnaître que leur substance est probablement trop mono-dimensionnelle pour prétendre atteindre à l’Idéal. La répétition insensée d’un effort identique, toujours répété, l’extrême dureté de l’entraînement et des épreuves, et les enjeux financiers parfois importants augmentent la tentation du recours aux pratiques médicales proscrites, obligeant ceux qui ont succombé à trouver leur rédemption dans la souffrance et l’abnégation. Ainsi, le signe paradoxal de reconnaissance des vrais, des grands sports, est-il la prévalence du dopage, en ce qu’il révèle que leur niveau d’exigence est tel que la réussite impose le dépassement des limites de l’Humain. En outre, la spécificité bio-mécanique des Grands Sports fait de leurs pratiquants les plus assidus de parfaits athlètes univalents, excellant dans leur discipline, mais inadaptées en dehors, et donc peu aptes à servir de modèle pour l’édification de la jeunesse. Qui rêve d’avoir la carrure d’un Gebresellasie? Ou les bras d’un Schleck ou d’un Contador? Quel serait le ridicule d’un Alain Bernard en course à pied? Ne pouvant prétendre à l’Idéal, les Vrais Sports ne sauraient occuper le sommet de notre pyramide.

Ils y sont donc surmontés par le Triathlon, synthèse idéale, trinité dont la perfection tend vers le divin, et dont les trois disciplines consubstantielles épousent parfaitement les trois cotés du triangle sacré formant le sommet de la Grande Pyramide. Car si à l’image des Vrais Sports, le Triathlon forge de par son exigence un mental d’acier pour ses pratiquants les plus aguerris, il est également le seul sport qui réussit à réconcilier et synthétiser les exigences et idiosyncrasies antagonistes des trois Vrais Sports majeurs, nous faisant tendre vers le modèle de l’Athlète Idéal, celui de l’Honnête homme, idéal de modération et d’équilibre dans l’usage de toutes ses facultés, aux proportions harmonieuses et exemptes d’excès. Ultime satisfaction, l’exigence extrême de ce sport garantit sa relative confidentialité, ce qui le sauve, en éloignant irrémédiablement le spectre de l’argent facile, et en garantissant une pratique noble et désintéressée, pour le pur goût de l’effort, et dans le mépris des valeurs matérielles inhérentes à ce siècle.