J’aime à voir en Lance Armstrong une figure christique des temps modernes.
Comme l’Elu, il a accompli de nombreux miracles: cette fulgurance mystique et géniale dans la descente vers Gap, cette montée vers Hautacam, comme l’autre marchait sur l’eau… Et l’absence affirmée de son père biologique ne résulte-t-elle pas au fond d’une Immaculée Conception? Sept fois il a tourné autour de la citadelle, sept fois il a vaincu, et les murailles de l’incrédulité se sont effondrées.
Souvent, le Diable fût là pour le tenter. Probablement, il succomba, mais que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre.
Aujourd’hui, vêtu de lycra et de probité candide, ce dernier Tour est sa Passion, et le Col de la Ramaz fut son Golgotha. Il eut ses apôtres, fidèles, mais aussi ses détracteurs, féroces. Landis fût son Judas et comme Pierre, Hincapie le reniera.
Et ses chutes, ses difficultés sur les pavés, sous les regards moqueurs de ses congénères qui autrefois le reconnaissaient comme leur Roi… Aujourd’hui, sous les quolibets et les injures de la foule, il porte sa croix et vit son calvaire. Il se sait condamné, mais, malgré le Doute, abandonné par son Dieu, il va jusqu’au bout, et garde la Foi. Sa crucifixion et sa lente agonie se lisent chaque jour au classement. Mais qui sait, peut être ressuscitera-t-il à Kona?
Cycliste, ô mon frère , aie pitié de la souffrance d’Armstrong, et compatit pour sa douleur. Car son sang est le nôtre, et son calvaire notre rédemption.