Samedi, après être monté à Paris pour fêter les 25 ans de la réunification allemande au Kiez (c’était blindé!), nous avons décidé de profiter de la Nuit Blanche 2015.
On s’attendait à l’oscillation habituelle entre foutage de gueule et génie – et sur ce point on a été servi – mais c’était surtout l’occasion de visiter la fameuse Petite Ceinture qui nous tentait. Revue de détail – avec les commentaires du catalogue officiel!
Tout a commencé par une performance d’artiste, sous le crépitement des smartphones – un gars qui saute dans un trampoline inséré dans un nuage en polystyrène:
Dix mètres au-dessus de l’ancien chemin de fer de la Petite Ceinture, flotte un nuage. Installé sur cet élément à la fois réel et évanescent, solide et liquide, un homme accomplit un rêve d’enfant : sauter dans un nuage. Ignorant les frontières imposées par l’Homme et les murs qu’il construit, le nuage, immatériel et éphémère, se fait allégorie de nos désirs et de notre insatiable envie de conquête.
WTF! Mais après, tout pourquoi pas…
La foule s’engouffre ensuite dans le tunnel, certains tentant de marcher en équilibre sur les rails pour échapper au chemin caillouteux, et c’est parti pour 1,5km de marche dans l’obscurité.
Un peu plus loin, une installation sonore.
Au cours de la résidence « Arts aux pôles » à l’Institut Paul-Emile Victor à Ny-Ålesund (Spitzberg) durant l’année polaire internationale de 2008, Dominique Blais a enregistré quotidiennement les fréquences et variations du champ magnétique à l’aide d’un récepteur radio VLF. À partir de ces fréquences radio naturelles récoltées dans le cercle arctique, inaudible pour l’oreille humaine, il a créé un ensemble d’oeuvres et de documents phonographiques. Apparatus est un dispositif qui invite le public à écouter le son brut, intime et singulier d’un paysage polaire et astral, réel et imagé, puis son interprétation par quatre musiciens invités par l’artiste en 2013 : Krikor, Mika Vainio, Stephan Mathieu et Rhys Chatham.
Foutage de gueule. Définitivement.
On arrive à d’étranges fresques organiques et changeantes, générées par le simple truchement de pompes et de petits tuyaux judicieusement placés sur les murs, laissant couler et mélangeant sur les parois des liquides visqueux aux couleurs vives.
On trouvera même un coeur pour les romantiques:
Dans la pénombre d’un tunnel désaffecté de l’ancien chemin de fer de la Petite Ceinture, d’immenses formes organiques envahissent lentement les parois, formant des halos aux couleurs étranges. Véritable métaphore d’une vie organique qui prolifère en tout lieu, cette installation de Michel Blazy confronte la fragilité des apparences, qui changent tout au long de la nuit, et la rémanence du vivant, qui transmute l’espace : apparition, expansion, disparition, décrépitude des surfaces, évanescence des formes et transformation des matières… Dans cette interprétation d’une autre grotte Chauvet contemporaine, la vie semble renaître et avec elle l’espoir d’un autre monde.
Pas sûr que l’espace soit transmuté, mais pas mal du tout!
Puis c’est la sortie du tunnel…
…qui mènera ensuite aux jardins bio et au café-cantine de la Recyclerie (sympa).
Nous terminerons la soirée à la Paroisse St Hélène.
En se confrontant à la réalité sociale et politique contemporaine, Pascal Marquilly associe l’acte créatif à une métamorphose esthétique permanente. Entre Déluge et réchauffement climatique, ses cinq plans séquences (dont trois réalisés spécifiquement pour l’occasion en Océanie) présentent 50 personnes, lentement submergées par la montée des eaux. Un ciné-concert biblique, avec R. Collange, S. Eglème et D. Lataillade.
50 personnes assises sur l’écran géant, où rien ne se passe… et 2 dans la salle. Foutage de gueule!
Retour au bercail – demain il faudra se lever tôt pour aller rouler en Chevreuse !