Archives mensuelles : juillet 2016

La fin de l’humanité

Ainsi donc, nous y sommes.

Après 200 000 années qui ont vu l’espèce humaine, Homo Sapiens, évoluer vers toujours plus d’intelligence, de raison, de force et de santé, il est venu, le temps de la chute et du déclin.

Toutes les études le montrent avec force: notre espèce est entrée en régression. Car ce ne sont pas un ou deux indicateurs isolés qui clignotent, mais tout un faisceau de preuves qui aujourd’hui convergent. Des indicateurs qui progressaient constamment depuis des siècles et des siècles se mettent subitement à chuter.

Nous avons déjà vu comment l’humanité se déplaçait de plus en plus lentement.

Plus préoccupant, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, en une génération, les performances sportives moyennes de la population se sont effondrées (voir ici, ici et ici).

De même, l’acuité visuelle des nouvelles générations a fortement diminué.

Malgré les progrès incroyables de la médecine, après des siècles d’augmentation constante, l’espérance de vie et l’espérance de vie sans incapacité se mettent à diminuer. Il semblerait d’ailleurs que les progrès en espérance de vie qui avaient été constatés auparavant tenaient plus à notre capacité à nous rafistoler rapidement en cas de problème (accidents cardio-vasculaires, SAMU..) qu’à l’amélioration de notre santé, de notre environnement ou de notre hygiène de vie.

On pourrait penser que la pratique des jeux vidéos, le stress des sociétés modernes et la motorisation croissante des populations améliore au moins nos réflexes – mais il n’en est rien, même de ce point de vue le déclin est marqué, nos temps de réaction ont fortement augmenté en un siècle!

Pire, alors que l’intelligence humaine moyenne était en progression constante depuis des siècles (le fameux effet Flynn), pour la première fois les tests montrent que le QI des nouvelles générations sont en baisse sensible par rapport à celui de leurs aînés (voir ici, ici et ici).

En vérité, tous les indicateurs convergent: que ce soit au plan physique ou intellectuel, l’espèce humaine a arrêté tout progrès et a entamé un déclin profond.

Certes, certains prétendent que d’autres capacité se sont améliorées, mais ils sont bien en mal de citer quoique ce soit de mesurable, à part peut-être l’aptitude à attraper des Pokemon ou à taper rapidement des textos à 2 doigts.

Par un paradoxe ironique, les soins médicaux et sociaux qui nous sauvent en tant qu’individu signifient en même temps notre fin en tant qu’espèce. L’humanité s’est enfin affranchie de la sélection naturelle, loi ô combien cruelle. Mais cette loi était aussi le processus fondamental régissant l’évolution des espèces et donc leur adaptation et leur survie, sous une forme renouvelée. Ne bénéficiant plus de cette adaptation, nous sommes  condamnés à régresser et disparaître à plus ou moins brève échéance.

Mais au moins pourrons-nous avoir la satisfaction mitigée d’avoir connu l’apogée du règne humain sur notre terre…

Jeûne thérapeutique

Suite à une émission d’Arte (voir aussi le livre correspondant de Thierry de Lestrade) nous avons décidé de suivre un jeûne thérapeutique. Après tout, le jeune était largement pratiqué, de façon forcée (ou volontaire?) par nos ancêtres préhistoriques. En jeûnant, nous ne faisons que réactiver des mécanismes toujours présents dans notre espèce, aujourd’hui complètement inutilisés, mais extrêmement puissants! Ce sont eux qui ont permis la survie des hommes à travers les siècles et assuré le succès de notre espèce.

Le protocole suivi est celui du Dr F-X Mayr (1875–1965), bien connu en Allemagne et en Autriche: un (tout) petit pain desséché le matin, un autre à midi, accompagné d’un demi-yaourt, et un thé le soir, le tout pendant 2 semaines (moins de 200kcal/j). Une alternative (plus coûteuse!) est la méthode Buchinger (on remplace le petit pain desséché par des jus de fruits et légume). Pendant le jeûne, une activité physique modérée est recommandée: marche, nage souple, qi gong, yoga… Pour ma part, j’ai ajouté un peu de vélo, sans jamais dépasser 115 BPM / 150 W.

Bilan: -5 kg en 15 jours, mais ce sera probablement vite repris, car le but d’un tel jeûne n’est pas l’amaigrissement.

Par contre, ce but peut être sportif: une condition de succès sur les épreuves longues distances est la capacité à brûler les graisses pour trouver son énergie (c’est comme ça qu’on évite le mur du marathon). Le grand champion Sindballe explique ainsi comment il a réussi à transformer son corps en machine à brûler les graisses. Il a essayé différentes méthodes, mais pas le jeûne. Certains courent la matin à jeun pour s’y entraîner, mais ils ont encore des réserves de glucides s’ils ont mangé la veille. De même, des études poussées ont montré qu’il pouvait être très bénéfiques de limiter les apports glucidiques la veille, puis de s’entraîner à jeun le matin, afin d’apprendre à mieux brûler ses graisses pendant l’effort (« sleep low » strategy). Mais au fond, la phase cétonique du jeûne, celle où l’on consomme essentiellement des graisses, ne survient qu’au bout de 4 ou 5 jours. On s’entraîne alors à vivre en puisant dans son stock de graisse (lipolyse), qui est la réserve d’énergie de loin la plus abondante du corps humain, ce qui est très bénéfique pour les sportifs d’endurance (durée d’effort >3h). Cependant, il faut veiller au cours du jeûne à modérer son entraînement, pour éviter les risques d’hypoglycémie ou de fonte musculaire par catabolisme (cycle de Cahill): rester dans la zone de confort aérobie, où l’on peut discuter facilement. Si le jeûne peut être une bonne chose pour apprendre à brûler ses graisses, je ne le recommanderais néanmoins pas à proximité d’une épreuve importante: plutôt à faire en période de coupure.

Mais l’intérêt essentiel du jeûne n’est en vérité pas la perte de poids ou l’entraînement sportif: il est essentiellement thérapeutique. J’étais un peu sceptique au début, mais je dois dire que les effets sur mon arthrose sont assez bluffant. En une semaine, les douleurs ont disparu!

Du coup je suis allé voir de plus près la littérature scientifique qui existait sur le sujet et le résultat est intéressant.

De nombreuses études attestant des effets bénéfiques du jeûne sur de nombreuses pathologies: maladies cardio-vasculaires (maladies coronariennes, insuffisance cardiaque, troubles de la circulation artérielle, insuffisance veineuse), maladies du dos et des articulations, hypertension, arthrose, arthrite, polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, maladies du tube digestif, épuisement physique et psychique,migraines et maux de tête, allergies dont asthme, surpoids, hyperlipidémie, hypercholestérolémie, hyperuricémie, diabète de type II, stress, tabagisme…

En français, la méta-étude la plus complète sur le sujet est sans doute celle de l’INSERM.

Elle fait une revue des études sur le sujet, note de nombreuses études attestant des effets bénéfiques du jeûne, mais reste très prudente dans ses conclusions, concluant sur la nécessité de poursuivre des recherches, et contestant la rigueur des études passées.

Cependant, cette méta-étude est elle-même marqué par un gros biais. Pour des raisons pratiques, les auteurs n’ont considéré que les résultats publiés en français ou en anglais. Or l’essentiel des études et des expériences sur le sujet a été fait en Allemagne et en Russie, par des auteurs qui n’ont pas toujours pris le soin de traduire en anglais leurs études. Par exemple, une étude de l’université d’Iena sur les effets du jeune sur l’arthrose est complètement ignorée. Et il est clair que les caractéristiques du jeûne font qu’on ne peut pas le traiter statistiquement comme un traitement médicamenteux: impossible de faire un test en aveugle (il n’y a pas de jeune placebo, impossible de faire jeûner un patient sans qu’il sache s’il jeûne ou pas!), et également impossible de faire un test randomisé: on ne peut pas choisir au hasard des patients pour faire un jeune, car la décision de jeûner est le résultat d’un long processus d’élaboration mentale, qui n’aboutira pas pour un grand nombre de personnes.

Pour autant, ce n’est pas parce que la nature du traitement fait qu’il est impossible d’utiliser les outils statistiques classiques permettant de s’assurer scientifiquement de son efficacité qu’il est inefficace!Ou que ceux qui le pratiquent sont des charlatans… La nature n’a que faire de considérations méthodologiques. Au regard des nombreuses expériences menées, des témoignages anecdotiques et de mon expérience personnelle, je serai tenté de dire que le jeûne, ça marche!