Archives mensuelles : août 2019

Le numérique, au service de l’écologie

Tous les jours (encore tout à l’heure sur France Inter), le numérique est dénoncé dans nos médias comme le grand méchant écologique.

On fait remarquer que le numérique est responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre, soit plus que le transport aérien, que ces émissions augmentent à un rythme annuel de 9%, bien plus rapidement que n’importe quelle autre source…

On entend aussi des choses beaucoup plus fantaisistes: une recherche Google a le même impact en CO2 que faire un café, une box Internet consomme autant qu’un lave vaisselle, un mail consomme autant d’énergie qu’une ampoule allumée pendant 24 heures

Mais toutes ces affirmations procèdent d’une volonté de diabolisation du numérique et de culpabilisation de ses usagers qui n’est pas vraiment fondée.

Tout d’abord, la plupart des affirmations lancées à la cantonade pour frapper les imaginations sont purement et simplement complètement fausses.

Le meilleur exemple est celui de la tasse de café (ou de thé) de la recherche Google. La vérité, c’est qu’une recherche Google produit 35 fois moins de CO2 (0,2g) qu’une tasse de café (7g), soit la quantité de CO2 qu’un homme produit en respirant pendant 10 secondes. Mais évidemment, ce que tout le monde a retenu, c’est le chiffre qui frappe: une recherche Google = une tasse de café. Comme souvent, la vérité est trop banale pour faire le buzz et être retenu, et c’est la fake news qui restera gravée dans les mémoires.

Mais surtout, les reproches faits au numérique ignorent trois réalités fondamentales de cette industrie.

  • D’une part, les Data Centers sont accusés d’être des goinfres énergétiques, engloutissant sans vergogne des quantités alors que c’est tout le contraire. Toute l’industrie des Data Centers est orientée vers l’efficacité énergétique, et l’optimisation du fameux PUE (Power Usage Effectiveness) – ne serait-ce que pour des raisons économiques. Tous les efforts possibles sont faits afin de réduire la consommation électrique et d’obtenir un refroidissement aussi naturel que possible (localisation dans des régions froides, optimisation de la circulation de l’air…) – sans compter le recours massif aux énergies renouvelables aux USA, et l’usage d’électricité d’origine nucléaire en France, qui tous deux minimisent les émissions de GES.
  • D’autre part, le numérique est un outil formidable pour favoriser la préservation et l’optimisation des ressources naturelles: le numérique permet de surveiller et d’éviter le gaspillage des ressources naturelles, d’identifier les sources de pollution, de mieux gérer et d’optimiser les réseaux énergétiques (par exemple, mise en ligne de la thermographie des toits, permettant d’identifier facilement les passoires thermiques)…
  • Mais surtout, il est fait un mauvais procès au numérique: on mesure la croissance de sa contribution aux émissions de GES, mais on oublie de prendre en compte la réduction des émissions qu’il provoque en se substituant à des usages fortement émetteurs!

Certes, le numérique augmente ses émissions de GES, mais c’est tout simplement parce qu’il prend une part croissante dans notre vie et nos usages. Pour mesurer honnêtement son impact réel, il faut impérativement retrancher du surplus de GES qu’il génère tout ce que son usage permet de réduire!

Pour prendre un exemple: si je vais à la préfecture faire la queue au guichet pour retirer une carte grise, je vais probablement émettre plus de GES que si je fais la transaction en ligne.

De même, si j’envoie un mail plutôt que d’acheter un timbre, une enveloppe, mettre une feuille dans une enveloppe, la mettre dans la boîte aux lettres, la faire transporter par le facteur et par le train ou l’avion, et la faire remettre à son destinataire. Le numérique va considérablement réduire mes émissions de GES (et ma consommation de ressources naturelles) par rapport à son équivalent non numérique… Oui, un mail émet bien du GES, mais beaucoup moins qu’un courrier papier. Pareil pour une photo numérique par rapport à une photo argentique.

Sans parler de faire une vidéoconférence avec des clients à New York plutôt que de prendre l’avion et de dormir à l’hôtel…

Bien sûr, tout n’est pas rose. Il y a encore bien des choses à faire pour réduire l’impact du numérique, et les vidéos de chats, les spams ou le renouvellement incessant des smartphones ont très certainement un rapport bénéfice / impact environnemental désastreux, mais soyons honnêtes: avant de jeter le bébé avec l’eau du bain et d’accuser le numérique, évaluons sérieusement l’impact de son usage, en considérant les deux plateaux de la balance: l’impact écologique négatif, mais aussi l’impact positif, produit par la réduction des usages non numériques!