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Dernier maillot

Vendredi avait lieu la cérémonie des trophées de la Ligue IDF de Triathlon. Plaisir d’enfiler une dernière fois le maillot de champion des quinquas de la Ligue…

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Une dernière fois, car il faut bien arrêter un jour. Les derniers scanners ne me laissent en fait guère le choix. Déjà là depuis de nombreuses années, et de plus en plus douloureuse, l’arthrose a fini – comme toujours – par gagner. L’état de mes articulations ne me permet plus de courir. Je continuerai de rouler et nager pour le plaisir, mais plus de course à pied, plus de triathlon, et beaucoup moins d’entraînement… ce qui depuis quelques semaines me laisse plus de temps pour voir des gens, photographier et poster ici, on se console comme on peut!

Test de la Poolmate HR

J’ai eu la chance d’être sélectionné pour tester la montre Poolmate HR, de Swimovate et voici donc un petit retour d’expérience.

Avertissement liminaire: je possède un cardiofréquencemètre Polar S725X, et donc c’est un peu ma référence. Je me base pas mal sur mon expérience de cette montre, que j’utilise avec le logiciel Polar Pro Trainer, pour faire ce retour d’expérience.

 

La montre Poolmate HR

La première fonction de cette montre est le contrôle de la fréquence cardiaque, et pour ça, le système est au point, même dans l’eau – ce qui est loin d’être le cas de tous les cardiofréquencemètres. Par contre, il faut bien serrer la ceinture pour qu’elle ne glisse pas sur la poitrine lorsque l’on pousse au mur. Pas grand chose à dire sur le sujet, j’ai juste essayé un jour pour voir si ça marchait, mais je n’aime pas la sensation de la ceinture en nageant, et je ne m’entraîne pas au cardio en natation.

Une seconde fonctionnalité importante de la montre est la détection automatique des coups de bras et des virages, ce qui permet de compter le nombre de longueurs et la distance parcourus, ainsi que le nombre de coups de bras par longueur, qui est un critère clé pour optimiser sa technique de nage.

La montre calcule également l’efficacité de nage (efficiency): plus on est efficace, plus elle est basse (ce qui est un peu contre-intuitif). L’efficacité est calculée en ajoutant le nombre de secondes par 25m au nombre de coups de bras (comptage de type golf: « swolf »). Un bon objectif de séance est de minimiser son score d’efficacité: ça oblige à nager en amplitude sans pour autant sacrifier la vitesse, défaut que l’on constate souvent chez les nageurs qui cherchent à optimiser leur « glisse » à tout prix.

La surveillance du nombre de CDB et de l’efficacité de nage permet une évaluation de sa technique de nage et de son évolution dans le temps, au cours d’un entraînement comme dans la saison. C’est vraiment là que se trouve le vrai point fort de la montre.

J’avais il y a une dizaine d’années déjà eu une montre avec cette fonction (le Speedo Stroke Monitor de Bill Geiser), mais elle présentait des problèmes de fiabilité, la détection de l’entrée de la main dans l’eau se faisant au moyen de 2 électrodes qui avaient tendance à s’encrasser. Le système de la Poolmate, basé sur un accéléromètre semble beaucoup plus fiable et précis.

Cependant, un tel système ne peut marcher évidemment qu’en crawl. Les longueurs de jambes en planche par exemple ne sont pas décomptées, et les nages autres que le crawl sont mal reconnues. Ce qui est dommage c’est que non seulement le système ne compte pas les CDB, ce qui est logique, mais il ne détecte pas non plus les longueurs nagées, ce qui l’est moins.

Une critique ergonomique: le bouton qui sert tout le temps lors de l’entraînement, c’est celui en bas à gauche (start/pause/stop). C’est celui qu’il faut presser lorsque l’on a terminé une distance (un 100m ou un 200m par exemple), ou lorsque l’on en démarre une autre. Or celui-ci n’est pas très atteignable, surtout si on porte la montre à gauche comme la plupart des gens, et que l’on a des plaquettes aux mains. On le rate facilement dans le feu de l’action. Un gros bouton start/stop central façon Polar me semble une option bien préférable.

Par ailleurs, le décompte de la distance et du nombre de longueurs est d’un intérêt moyen en ce qui me concerne. Ça fait longtemps que je fais ça simplement en regardant mon chrono. Tout nageur expérimenté connait instinctivement sa vitesse de nage au 100m à 2 ou 3s près, et il lui suffit donc de regarder le chrono au vol lors d’un virage pour savoir exactement où il en est de son 400m ou de son 800m.

A ce sujet, un gros défaut pour moi est le format d’affichage, et deux points en particulier: l’affichage des secondes et l’absence de double affichage chronométrique.

Quand je nage, le nombre le plus important est le nombre des secondes. De toute façon, je sais parfaitement dans quelle minute et dans quelle heure je suis. Le nombre de secondes est donc le nombre le plus important, le seul nombre important même, mais il est malheureusement écrit en tout petit sur l’affichage, plus petit que les heures et les minutes,   pourtant beaucoup moins importantes. On voit le préjugé de l’ingénieur qui pense que parce qu’une minute ou une heure c’est plus long qu’une seconde, il faut l’écrire en plus gros ! Très gênant lorsque l’on tente de lire son temps de passage à la volée lors d’un virage, en un quart de seconde, avec de la buée dans les lunettes. Un affichage au 10ème de seconde (et non à la seconde) serait aussi un plus, surtout sur les séries courtes.

L’autre point noir est l’absence de double affichage chronométrique. Je m’explique.

Avec ma Polar, je la configure toujours en nage de façon à avoir en haut l’affichage du chrono écoulé depuis le début de la séance, et en bas l’affichage du dernier set en cours (temps écoulé depuis que j’ai appuyé sur start/stop).

Ce double affichage est essentiel, parce que l’essentiel de mes séries se fait sous la forme « n fois x mètres départ toutes les y minutes/z secondes »).

Prenons un 10x100m D1’40. Je pars par exemple lorsque le chrono total est à 36’00 », et je sais que mon prochain départ sera à 37’40 », le prochain à 39’20 », le prochain à la minute (41’00 »), puis on recommence: 40″ / 20″ / 0″ / 40″ / 20″ /0″… Et à chaque départ et arrivée de 100m je clique sur start/stop pour afficher en bas (et enregistrer) le temps de mon dernier 100m, et je regarde en haut le chrono total pour me donner le prochain départ. Très utile pour donner les départs lorsque l’on n’a pas de chrono mural.

On n’a par contre pas cette fonction sur la Poolmate, on a seulement le temps du set en cours, ce qui oblige à se donner des récup en temps absolu (Récup 15″ par exemple) au lieu de pouvoir donner un départ toutes les… Encore un net point d’amélioration, donc.

Egalement, les unités sont un peu contre-intuitive, même si ce n’est pas rédhibitoire.

Par exemple, l’indicateur de vitesse (speed): plus il est petit, plus on va vite! C’est qu’en fait ce n’est pas une vitesse qui est indiquée, mais un nombre de secondes par 100m, soit l’inverse d’un vitesse. De même pour l’efficacité de nage, mentionnée plus haut: plus elle est basse, plus on est efficace.

De ce fait, quand on regarde ses courbes d’évolution technique avec le logiciel, il vaut mieux voir ces courbes baisser que monter (alors que l’on a plutôt intérêt à voir monter le stroke length). Le tout est de le savoir.

 

Le logiciel Polmate Pro

L’installation du logiciel peut parfois poser problème. Heureusement la consultation de l’aide du site de swimovate permets de trouver la procédure d’installation manuelle du driver, l’installation automatique ayant échoué (sous Windows 7).

L’affichage est bâti sur un système d’onglets en haut à gauche: Summary, Logs, Sets, Laps, Pool.

Ce qui n’est pas évident à comprendre (et qui est d’ailleurs contraire aux règles d’ergonomie d’utilisation des onglets), c’est que certains de ces onglets ont une relation hiérarchique entre eux. L’onglet Logs montre les Logs (traces d’une session) d’une journée donnée. Il faut sélectionner un des logs (une des sessions) en cliquant quelque part dans la longue liste des informations du Log pour le sélectionner, et alors, en cliquant sur l’onglet Sets, on a les sets du log en question. De même, lorsque l’on clique l’un des sets dans l’onglet Sets, on peut alors cliquer sur l’onglet Laps pour voir les laps (longueurs) du set sélectionné.

Un défaut du logiciel est de n’afficher que les temps des distances qu’il a reconnu en tant que telles (pas les distances nagées en jambe par ex), et de ne pas afficher la durée des récup dans les séries ou entre les séries, information pourtant disponible puisqu’on peut la retrouver sur le graphisme montrant l’évolution de la fréquence cardiaque (quand cette fonction est activée).

Un des avantages de l’utilisation d’un tel logiciel est qu’il peut avantageusement remplacer le carnet d’entraînement, dans lequel on est censé noter soigneusement ses entraînements.

Néanmoins, pour remplacer un carnet d’entrainement, il faudrait un logiciel qui fasse preuve d’un peu d’intelligence, et qui soit capable de reconstituer la structure de l’entraînement. Au lieu de mettre une suite de distance nagées, par exemple:

400m 6’05

200m 4’45

200m 2’55

200m 2’57

…ce dont je rêve, c’est d’un logiciel un peu plus intelligent, qui me donnerait l’entraînement tel qu’il est structuré, tel qu’on le noterait sur un carnet d’entraînement, c’est à dire qui soit capable de reconstruire les séries, ce qui ne doit pas être très compliqué. Par exemple, il donnerait:

400m Free 6’05

200m Jambes 4’45

8x200m Free D 3’20 (s’il a détecté un top de départ à peu près constant toutes les 3’20), ou R20″ (s’il a détecté une récup à peu près constante de 20″ entre les 200m).

Evidemment, il ne s’agirait que d’une proposition du logiciel, que l’on pourrait reprendre manuellement.

Pour chaque set, on pourrait aussi ajouter des commentaires et indiquer le type de nage (pull, pull plaq, éduc, jambes, 4N, rattrapé, water-polo…).

Ensuite, en cliquant sur une série, par exemple le 8×200, on pourrait avoir le détail: temps sur chaque 200 de la série, efficacité, nombre de CDB etc).

Avec un peu plus de sophistication, on doit même pouvoir gérer les pyramides.

En résumé

Un excellent outil pour mesurer ses progrès techniques en natation, grâce au comptage des coups de bras et de l’efficacité / swolf. Mais encore des progrès à faire sur l’ergonomie de la montre pour égaler des modèles plus aboutis, et je n’ai toujours pas trouvé le logiciel idéal du nageur, celui qui peut reconstituer automatiquement la logique des entraînements à partir des mesures, et donner des interprétation et indications de progression.

 

Bon courage

L’autre jour, en allant à la piscine, un collègue qui me souhaite « bon courage ». « Pourquoi bon courage », lui réponds-je, « c’est un plaisir de nager, pas besoin de courage pour ça ». Et lui de me dire: « pour toi peut-être, mais moi je déteste nager, c’est vraiment la galère… »

A ce moment, j’ai compris pourquoi, instinctivement, j’avais tant de mal avec les « bons courages » que l’on entend de plus en plus, à l’adresse d’une caissière à Monoprix, des gars qui nous servent au resto d’entreprise, à la boulangerie…

Ils vous disent « bon courage! », mais en vérité, au fond d’eux, ils pensent: « tu as vraiment une vie minable, tu es dans la galère, heureusement je suis dans une situation bien supérieure, bonne chance pour t’en sortir ». En vérité, pas mal de mépris et de commisération sous une formule apparemment sympathique et amicale.

SVP, ne souhaitez plus bon courage aux gens qui font simplement leur boulot, et qui peuvent en être légitimement fiers. Stoppons l’épidémie du « bon courage » en France!

On a besoin de courage physique pour escalader une falaise ou affronter une maladie grave, ou de courage intellectuel pour affronter l’opinion majoritaire, mais pas pour simplement faire son boulot ou pour aller nager.

Lutter contre le vent (et la gravité du monde)

Le cycliste averti sait qu’on a intérêt à augmenter la puissance dans les montées et à se relâcher dans les descentes pour optimiser sa vitesse moyenne, mais ceci reste-t-il vrai lorsque l’on affronte un vent de face?

Quand on affronte un fort vent de face, vaut-il mieux faire le gros dos, continuer à exercer la même puissance, et attendre que ça passe, ou au contraire, appuyer plus fort, quitte à se relâcher un peu lorsque l’on aura le vent dans le dos?

La réponse est: oui, il faut appuyer plus fort, mais pas tant que ça… Démonstration.

D’abord, il convient de reformuler scientifiquement le problème.

Dans le cas général, la puissance à fournir en vélo peut se décomposer en 3 termes:

P = P_Air + P_Mécanique + P_Pente

avec

P_Air = puissance utilisée pour vaincre la résistance de l’air

P_Mécanique = puissance nécessaire pour vaincre les frottements mécaniques (organes de transmission du vélo et frottements des pneus sur la route)

P_Pente = puissance nécessaire pour gravir la pente

 

On a:

 

P_Air = 1/2 . ro . S . Cx . V . (V-Vent)^2

avec

ro = masse spécifique de l’air = 1,205 kg/m^3 (à 21°C et 1 bar de pression)
S = surface frontale (de l’ensemble cycliste + vélo)
Cx = coeff aérodynamique (de l’ensemble cycliste + vélo)
V = vitesse du cycliste (en m/s)
Vent = vitesse du vent (en m/s, positive si dans le sens du cycliste, négative sinon)

Le coeff S.CX dépend du profil du vélo, plus ou moins aérodynamique, mais surtout de la position de cycliste. Un cycliste amateur peut avoir un S.Cx de 0,43 m², un pro de 0,36 m².

Nous avons retenu à titre d’exemple un S.Cx de 0,38m².

 

P_Frottements = m.g.V.K

avec

m = masse du cycliste + vélo
g = constante gravitationnelle
K = paramètre dépendant du vélo et du revêtement de la route

C’est ici que s’exprime la différence entre les vélos. Pour un vélo bas de gamme, K est de l’ordre de 0,01. Pour un vélo haut de gamme, K est inférieur à 0,008. C’est cette valeur que nous avons retenu dans notre modélisation.

Si l’on veut aller dans les détails, la puissance due au frottement peut être décomposée en différentes composantes, dont la principale est la résistance au roulement. Cette dernière dépend essentiellement de la nature du revêtement et du pneu (ou boyau utilisé).

La résistance au roulement est égale à:

Crr.m.g.V

avec Crr = Coefficient de résistance au roulement. Crr varie entre 0,0038 et 0,0080.

 

P_Pente = m.g.V.p

avec

p = pente (en %)

Soit au total:

P = 1/2 . ro . S . Cx . V . (V-Vent)^2 + m.g.V.K + m.g.V.p

 

Dans ce qui suit, on va considérer un trajet aller-retour. L’aller se fera avec un vent de vitesse Vent, et le retour se fera avec un vent de vitesse -Vent.

A l’aller:

vitesse cycliste = V1
vitesse vent = Vent
puissance développée = P1
distance parcourue = d

Au retour:

vitesse cycliste = V2
vitesse vent = -Vent
puissance développée = P2
distance parcourue = d

 

Ce que l’on cherche à optimiser, c’est la vitesse moyenne sur le parcours, soit:

V = 2.V1.V2/(V1+V2) – voir http://silberblog.graphz.fr/horreur-mathematique-durete-du-velo

 

La contrainte que l’on a, c’est de le faire à « coût physiologique » constant.

Là, il y a là une petite subtilité.

On pourrait se dire que l’on va essayer d’optimiser sa course à coût énergétique constant. Dans ce cas, sa reviendrait à dire que l’on essaierait de garder une puissance moyenne constante, et que l’on essaierait ensuite de déterminer l’allocation optimale de puissance entre l’aller et le retour pour maximiser la vitesse moyenne.

Mais les choses ne sont pas si simples. Il est plus éprouvant pour l’organisme de faire 10′ @150W + 10’@250W, ou de faire 10x(1’@300W + 1’@100W), que de faire 20’@200W, même si tous ces exercices ont une durée et une puissance moyenne équivalentes.

Ceci a été traduit par Andrew Coggan par la notion de Normalized Power (NP), qui représente à peu près le coût physiologique d’une séance où la puissance varie. Sur la notion de NP, voir http://home.trainingpeaks.com/articles/cycling/normalized-power,-intensity-factor,-training-stress-score.aspx

Si vous faîtes une séance d’1H à 200W de NP, ça revient à peu près à avoir roulé pendant 1h à puissance constante de 200W – même si en réalité votre puissance a beaucoup varié au cours de la séance, et si votre puissance moyenne a été bien inférieure à 200W. Typiquement, sur une course vélo, avec de nombreuses accélérations et démarrages, on aura une puissance moyenne faible, mais une NP élevée, qui traduira bien mieux la sollicitation réelle de l’organisme que la puissance moyenne.

L’algorithme du calcul de la NP est donné par Andrew Coggan lui-même ici:

http://forum.slowtwitch.com/cgi-bin/gforum.cgi?post=3097774br

C’est assez compliqué (il faut lisser le calcul de la puissance en calculant une moyenne mobile sur 30s, puis faire la racine 4ème de la moyenne des puissances 4ème des moyennes ainsi obtenues…) mais ça se simplifie pas mal lorsque l’on suppose que l’on n’a que 2 sections sur lesquelles on roule à puissance constante.

Si on roule une durée t1 à puissance P1 et vitesse V1 et une durée t2 à P2 et V2, on a:

NP = ((t1.P1^4 + t2.P2^4)/(t1+t2))^(1/4)

soit vu que d=V1.t1 = V2.t2:

NP = ((V2.P1^4 + V1.P2^4)/(V1+V2))^(1/4)

 

Au total, le problème peut donc être ainsi reformulé:

« Quelle est l’allocation optimale de puissance entre l’aller et le retour qui maximise la vitesse moyenne tout en maintenant une NP constante? »

A priori, le problème n’est pas simple à résoudre, car la puissance et le NP résultent de calculs complexes – ils sont le résultat d’un calcul, et non les paramètres d’entrée, comme la vitesse! On peut visualiser ça en imaginant un plan dans lequel on fait varier V1 sur l’axe des X, et V2 sur l’axe des Y. A chaque point de coordonnées ( V1, V2), on fait correspondre sur l’axe Z la vitesse moyenne V = 2.V1.V2/(V1+V2). On obtient ainsi une surface S.

La surface S: vitesse moyenne en fonction de V1 et V2

La surface S: vitesse moyenne en fonction de V1 et V2

Trouver la répartition de vitesse (V1, V2) optimale revient à chercher sur cette surface le point le plus haut, tout en restant sur la ligne vérifiant la contrainte NP = constante (ligne de l’intersection de S avec la surface vérifiant NP = constante).

Heureusement, Excel vient nous aider à résoudre ça, grâce à la puissante fonction Solver. Solver utilise la méthode Generalized Reduced Gradient (GRG2) – nonlinear optimization code, qui a été développée par Leon Lasdon (University of Texas, Austin), et Alan Waren (Cleveland State University) – autrement dit, ça a l’air sérieux!

En fait il suffit de donner à Solver les cellules à faire varier (en l’occurrence V1 et V2), la cellule à maximiser (ici, la vitesse moyenne), et les contraintes à respecter (ici: NP = constante, par exemple 200W), et il déterminera les vitesses optimales V1 et V2 (et donc les puissances résultantes P1 et P2) pour maximiser la vitesse moyenne V.

J’ai rentré tout ça dans un tableur Excel, et il en ressort que oui, il faut appuyer plus fort quand on est face au vent – mais pas tant que ça.

Par exemple, un athlète ayant un NP de 200W et qui doit affronter un vent de face de 20 km/h a intérêt pour maximiser sa vitesse moyenne à produire 208,5W contre le vent (ce qui donne une vitesse de 20,9 km/h – planté face à un vent apparent de 40,9 km/h), et 178,5 W vent dans le dos (ce qui donne une vitesse de 42,4 km/h – vent apparent de 22,4 km/h).

Tant qu’à faire, j’ai aussi calculé ce que ça donnait pour une bosse, sans vent.

Un athlète ayant un NP de 200W et qui doit affronter une pente de 2,5% a intérêt pour maximiser sa vitesse moyenne à produire 215,9 W en montée (soit 22,4 km/h), et 156 W en descente  (soit 39,5 km/h).

Ce que montre aussi ce calcul, c’est qu’il faut forcer face au vent, mais moins qu’en montée, car c’est moins rentable. Dans cet exemple, on ralentit plus face au vent que dans la bosse, et pourtant on a intérêt à mettre moins de puissance face au vent que dans la bosse. Ne pas trop regarder son compteur de vitesse mais écouter ses sensations (ou son capteur de puissance pour ceux qui en ont un).

J’ai mis la feuille Excel avec les calculs ici.

Optimiser sa puissance face au vent et aux bosses

Voilà, maintenant qu’on sait ce qu’il faut faire, il n’y a plus qu’à rouler.

Attention: un bug dans tout ça n’est jamais à exclure, donc si qqu’un se sent de relire et contrôler, welcome!

 

 

La Saga d’EricD

Lors d’échanges sur un forum triathlétique, j’ai été amené à échanger avec un homme hors du commun, EricD.

Interrogé par son approche décalée, novatrice et résolument orthogonale aux préjugés conventionnels, frappé par son style décomplexé, j’ai créé un site dédié à la révélation de son Enseignement, non sans avoir préalablement recueilli son consentement bienveillant et éclairé. Son objet est de recueillir, concentrer, diffuser et populariser la quintessence des concepts révolutionnaires d’EricD.

Tout ce qui est intitulé « la Parole du Maître » sur ce site est le recueil scrupuleux et authentique de la Parole d’EricD. Le reste, et notamment tout ce qui est Exégèse, n’est que l’humble commentaire du scribe diligent et méticuleux que je suis…

C’est ici: http://ericd-training-concept.graphz.fr

 

 

10 commandements pour un entraînement durable en triathlon

Bien souvent, les plans d’entraînements visent à optimiser la performance d’un athlète à un instant de sa vie, pour produire un pic de forme pour une période de compétition, en le préparant à l’échelle d’une saison. Mais peu de personnes s’intéressent à optimiser la performance sur le long terme, sur plusieurs dizaines d’années.

L’entraînement durable, c’est optimiser son potentiel non pas sur une saison, ou même sur les quelques années que dure notre son apogée sportive, mais sur le long terme, à 20, 30, 40, 50, 60 ans… optimiser l’entraînement à l’échelle de la vie humaine.

Comme on le verra plus loin, la notion d’entraînement durable est incompatible avec la performance de très haut niveau: impossible d’obtenir une médaille olympique ou d’être parmi les meilleurs français en suivant ses préceptes. Par contre, quiconque a réalisé et admis qu’il ne deviendrait ni riche ni célèbre par le sport devrait réfléchir à une pratique durable de l’entraînement, l’application de principes favorisant une vie sportive bien remplie, portant son lot de satisfactions et un niveau de performance honorable, en harmonie avec son environnement professionnel et social, et en préservant sa santé.

Evidemment, chacun réagit différemment, aussi bien physiquement que psychologiquement, chacun a ses goûts et ses attirances, et je conçois que ce qui s’applique à l’un peut ne pas s’appliquer à un autre, voire même choquer un autre (et notamment les fanas du Long dans ce cas précis), mais pour moi, c’est ce qui a marché ces dernières années, donc si ça peut servir à d’autres… A la fin chacun devra trouver sa voie, mais d’après ma trop longue expérience (40 ans de sport!), voici condensé en 10 préceptes les bases de l’entraînement durable.

1) La performance tu rechercheras

Il ne peut y avoir de sport sans recherche de la performance. Le plaisir du sport, c’est la recherche de la performance. Chacun doit se fixer son objectif, réaliste mais ambitieux, selon son âge, ses capacités génétiques, sa disponibilité pour l’entrainement… Bien sûr, les niveaux sont très disparates: pour l’un, performer peut signifier une médaille olympique, pour un autre, ça peut être battre un camarade de club un peu plus fort, ou faire un podium dans son groupe d’âge, ou finir dans la première moitié, ou simplement finir une épreuve. Peu importe l’objectif, l’important c’est de se fixer un objectif de performance et de s’entraîner en fonction de cet objectif!

2) Les compétitions sans retenue tu pratiqueras

Pas de performance sans compétition. La compétition est l’heure de vérité, le moment où se révèle ou non la validité d l’entraînement, et où se mesure la performance. La compétition permet de sentir l’adrénaline monter lorsqu’on enfile le dossard et que la tension monte avant le départ, de se confronter à l’autre, de connaître l’exaltation du fight, de s’arracher les tripes et d’aller bien au-delà de tout ce que l’on pourrait faire à l’entraînement. Pas de bonne compétition sans bon entraînement, mais aussi pas de bon entraînement sans compétition, car c’est le seul moyen de se fixer de vrais objectifs et de conserver sa motivation tout au long de l’année. Toute compétition est bonne à prendre, au fil des saisons ou des blessures, en fonction des goûts, des capacités et des opportunités: cross, aquathlon, duathlon, rameur en salle, ski de fond, trail, cyclosportives… et peu importe que l’on termine dans les premiers ou les derniers. Il faut goûter de tout, essayer tout, pour le fun, pour garder vivante l’étincelle de la compétition. Et puis si on n’aimait pas la compétition, on aurait pris macramé ou point de croix, pas triathlon.

3) La dieselisation tu combattras

Avec le temps, la tendance naturelle est la dieselisation. Aller de plus en plus loin, de plus en plus longtemps, de plus en plus lentement. Avec l’âge, repousse son seuil de tolérance à la douleur, on améliore son mental, et on croit ainsi compenser l’inéluctable déclin physiologique.

Il faut lutter contre cette tendance psychologique et physiologique. Il ne faut pas que le sport devienne un pur plaisir pervers d’endurance masochiste. Il faut sans cesse se battre pour ne jamais perdre le plaisir simple et sain de la vitesse. Des séries de 25m nage libre en club à fond départ tous alignés, les sprints en vélo à la pancarte, les 30/30 en CAP… tout est bon pour décrasser la machine, travailler sa vitesse et éprouver le plaisir de voler sur le bitume ou de planer sur l’eau!

4) Allonger ta vie tu oublieras

Beaucoup pratiquent du sport d’ans l’illusoire espoir d’allonger leur vie. Ils font fausse route. Les sportifs de haut niveau meurent jeune. Pratiqué intensément, le sport use, fatigue le corps. L’oxydation résultant des efforts intenses produit des ravages et nous vieillit prématurément. Il n’y a qu’à voir l’armoire à pharmacie des sportifs, ces éternels blessés, ou la rubrique santé de ce site. Pour vivre vieux, il faut manger sainement, bien dormir, ne pas fumer, et marcher une demi-heure par jour, pas plus. Le but du sportif doit être d’améliorer sa qualité de vie, et non d’augmenter sa quantité. Mettre plus de vie dans sa vie, et non pas l’allonger.

5) Le volume d’entraînement tu minimiseras

L’optimal pour la santé est sans doute de faire quotidiennement une demi-heure de marche vigoureuse, soit 3-4h de sport modéré hebdomadaire.
Tout ce qu’on fait en plus améliore notre performance mais nous éloigne de cet idéal et nuit à notre santé, ainsi qu’à notre vie sociale, familiale et professionnelle.
Le meilleur compromis entre santé, performance et vie sociale et professionnelle se situe probablement entre 7 et 9h hebdomadaire.
Pour optimiser la performance dans un volume faible, il y a un secret pas assez utilisé: le transfert.
Comme chacun sait, on peut en gros distinguer 3 régimes métaboliques: l’endurance, la résistance (travail au seuil, domaine du fractionné long) et la vitesse (domaine du fractionné court). Le secret est qu’il n’est pas nécessaire de travailler ces 3 régimes dans les 3 sports.
Le plus simple est de travailler l’endurance en vélo (une belle sortie de 80km le dimanche), le seuil en natation (les séries de 100, 200, 400…) deux fois par semaine et la VMA en CAP (les 30/30) une ou deux fois par semaine.
La puissance du transfert va faire que le travail de VMA en CAP va bénéficier au vélo et à la nat, le travail d’endurance en vélo va bénéficier à la nat et la CAP, et le travail de seuil en nat va bénéficier au vélo et à la CAP! Bien sûr, c’est un schéma de base, et rien n’interdit de temps en temps de faire une bosse au seuil ou des sprints à la pancartes à vélo, une sortie longue en CAP ou quelques 25m NL à fond!
En travaillant comme ça, on peut tout à fait se faire plaisir avec 7h d’entraînement hebdo et obtenir un niveau honorable – disons faire des podiums dans une catégorie vétéran sur un petit tri régional.

6) L’Ironman tu banniras

Quoiqu’on dise, quoiqu’on fasse, l’homme n’est pas fait pour nager 4km, rouler 180 et courir 42. Un Ironman est une épreuve extrêmement dure pour le corps, dont il peut mettre des mois à se remettre. Les motivations pour faire un IM sont souvent troubles: le plus souvent, il s’agit de prouver quelque chose, à soi-même ou aux autres. Il est concevable d’en faire quelques uns, pour gagner à vie le droit de se la péter en tant que finisher, mais une fois le complexe psychologique évacué, et une fois conscientisé que l’on n’a rien à prouver ni à soi ni aux autres, il ne faut pas que ça devienne une habitude. Sur IM, les préceptes de recherche de performance et de minimisation du volume d’entrainement sont incompatibles. Performer exige un entraînement trop important: trop de dégâts sur la santé, trop d’impacts sur la vie familiale et professionnelle (voir http://www.youtube.com/watch?gl=FR&hl=fr&v=B03dFMG8nR4)… On peut pratiquer l’IM sans recherche de performance, avec un entraînement normal, pour le simple plaisir de finir… mais dans ce cas on peut aussi faire une belle randonnée en montagne, en ski, à pied ou à vélo: ça coûte moins cher et c’est plus beau! En outre, la préparation d’un IM exige un tel investissement émotionnel, physique et financier que la moindre défaillance (erreur de gestion de l’alimentation, de l’hydratation ou de l’effort) prend des proportions dramatiques puisqu’elle remet en cause la préparation de toute une année (déprime post-IM), et que le précepte de multiplication et de banalisation des compétitions ne peut plus être appliqué. Donc: très peu d’IM – au plus un tous les 4 ou 5 ans pour satisfaire sa vanité…

7) Ton corps tu écouteras

Jeune, on peut faire à peu près n’importe quoi, le corps réagit, encaisse. Si on pousse trop, il finit bien sûr par casser, mais il se répare rapidement. En vieillissant, c’est de moins en moins vrai: les blessures se font plus fréquentes: les muscles se déchirent, les cartilages craquent, les tendons s’inflament…. et les blessures prennent de plus en plus de temps à se soigner. A tel point qu’aujourd’hui je considère que le facteur le plus limitant pour la performance des vétérans n’est pas la baisse des capacités cardiaques ou musculaires, mais la faculté à encaisser une charge d’entraînement intense. Heureusement, l’expérience permet de partiellement compenser ce phénomène. Selon le précepte ancien, « connais-toi toi-même », tu connaîtras parfaitement tes faiblesses, et les signes précurseurs de tes défaillances (la petite pointe à peine perceptible dans le mollet avant la déchirure, le jour où tu n’es pas en forme…), afin d’anticiper et éviter la blessure.

8) La CAP au minimum tu réduiras

La CAP est de loin le plus traumatisant de nos sports. Les chocs répétés ne peuvent qu’endommager nos cartilages, muscles et tendons. Les médecins croulent sous les visites de coureurs à pied victime d’arthrose précoce et de problèmes articulaires et tendineux divers.
Il est impératif de réduire au minimum la quantité de CAP. Pour ma part, je m’en tiens à 1 ou maximum 2h par semaine. La CAP est donc bien sûr devenue un gros point faible en compétition, mais c’est le prix à payer pour rester en bonne santé. Et heureusement, les transferts permettent de conserver un niveau que je juge acceptable.

9) Les étirements tu éviteras

C’est encore un des grands poncifs sportifs que les étirements évitent les blessures. Or les études sont à peu près unanimes: dans nos sports, les étirements ne peuvent que diminuer la performance et augmenter les blessures! Après avoir été longtemps victime du préjugé habituel, je me porte beaucoup mieux depuis que j’ai arrêté tout étirement. On perd sa souplesse en vieillissant, il faut l’accepter et vivre avec, et, à moins d’envisager une carrière dans les ballets du Bolchoï, bien se dire que la souplesse est finalement une qualité relativement superfétatoire, inéluctablement appelée à disparaître.

10) Ta famille et ton boulot tu privilégieras

Il suffit de regarder autour de nous pour comprendre que sur le long terme, la performance sportive arrive très loin derrière la santé, le travail et la vie familiale comme facteur de bonheur. En permanence il nous faut rechercher le bon équilibre entre les 3 sommets du triangle: travail, famille et sport. Il ne peut y avoir de pratique durable de l’entraînement sportif sans un certain niveau d’acceptation et même d’approbation de l’environnement familial. Il convient donc de hiérarchiser ses priorités en fonction de ce constat: la performance ne peut venir qu’après la famille et le boulot, et ne saurait se bâtir au détriment de la santé.

Le mieux est évidemment de partager sa pratique sportive. Faire un triathlon relai pour le fun en famille ou s’entraîner ensemble. Bien sûr se pose alors le problème de l’écart de niveau avec un conjoint moins sportif, mais en vacances notamment il est possible de faire des entraînements tout à fait valables, conformes au précepte de performance, avec des niveaux très disparates. En natation: traversée de la baie à la nage avec palmes et plaquettes pour le conjoint. En CAP, échauffement et retour au calme en footing ensemble, et corps de séance en 30/30 avec retours en arrière en trottinant sur le 30 de récup. En vélo: apprendre au conjoint à drafter, puis sortie tranquillou recherche position aéro en ouvrant la route sur le plat, et chaque bosse deux fois au taquet en redescendant, etc etc.

Le blues de la cyclo

Pour finir la saison, je suis allé faire une petite course cycliste UFOLEP en banlieue sud.  Un exercice un peu spécial, que je pratique parfois en tout début et en toute fin de saison, pour le simple plaisir d’enfiler un dossard, quand l’eau devenue trop froide interdit les triathlons.

Comme souvent, départ à fond, 48 km/h. Dix minutes plus tard, plus personne ne roule, ça s’observe, puis ça repart… En triathlon, les règles sont relativement simples quand on roule: plus tu es fort, plus tu appuies sur les pédales, plus tu vas vite, et meilleur est le résultat. Parfois, nous sommes autorisés à rouler en peloton, mais ça ne change pas fondamentalement la donne ni la hiérarchie à l’arrivée.  Tactique et stratégie pèsent de peu de poids face aux capacités physiologiques de base: il vaut mieux poser son cerveau et ses neurones, devenus poids inutiles, sur le bord de la route, et lutter avec son cœur, ses bras et ses jambes.

En course cycliste, les choses sont beaucoup plus compliquées. On se bat non contre soi-même, mais contre les autres, non pas seul, mais en équipe. En triathlon, on a tous notre temps, notre classement, du premier au dernier, abandonner est indigne, et parfois simplement terminer est déjà une victoire. En cyclisme, seul le podium compte et si on n’a pas les jambes pour y monter, on n’aura aucun scrupule à bâcher. Dans ces épreuves, j’éprouve parfois le sentiment agaçant d’être lou ravi, le benêt du village, le percheron pataud au milieu des purs sangs.

Subir la course, se mettre dans le rouge pour reprendre des échappées vouées à l’échec, puis, laminé par l’effort, le cœur entre les dents quand ça repart, faire l’élastique en queue de peloton… Ne voir ensuite rien venir quand part « la bonne », mal placé, enfermé avec les losers, incapable de sauter dans de bonnes roues.

Les bons cyclistes ont une acuité de lecture de la course, une roublardise, une intelligence situationnelle proprement stupéfiantes.

Ils savent repérer et comprendre le parcours, la bosse qui casse bien, le bout droit avec le vent de travers favorable aux bordures… tous ces endroits stratégiques où il faudra être bien placé, car c’est là que la course se décidera. En course, ils savent frotter et s’imposer pour bien se placer, prendre le sillage du bon leader en vous coupant la route, avec juste ce qu’il faut d’autorité, sans franchir la limite d’une agressivité qui serait fatale. Ils savent basculer habilement du bon côté de la roue qui vous précède juste avant que la route tourne, vous laissant seul dans le vent pour rester bien protégé. Et moi je fonce le nez dans le guidon, fluctuant dans le peloton au gré de la forme, expulsé des bonnes places, luttant contre le vent, comme un corps étranger, focalisé sur moi-même, mon alimentation, mes pulsations, ma forme, mes douleurs… sans voir et encore moins comprendre tout ce qui se trame autour. Je me rappelle encore, quand parti bravement, tirant le peloton pour rattraper une échappée, je m’étais fait vertement rabrouer, car je n’avais pas remarqué qu’un de nos coéquipier y figurait, et qu’il fallait donc verrouiller et freiner le peloton, le caler sur un faux rythme, au lieu de l’emmener à grand train. Encore une fois tout faux!

Ces gars se connaissent, se jaugent et se mesurent tout au long de la saison. Ils savent distinguer celui qui est en forme, qui a les jambes, l’habitué des podiums qui se planque et lancera la bonne ou sèchera tout le monde au sprint final, le grimpeur auquel il faudra s’accrocher dans la bosse, celui qui pioche et qui va bientôt craquer, et le perdant éternel, mon alter ego, qui n’est là que pour faire illusion pendant un ou deux tours avant de s’effondrer et de rentrer sagement dans le rang, et dont la vocation est de rester scotché, englué quand sera lancé le sprint final, épuisé par une gestion de course calamiteuse et une génétique défavorable. Car à cette incapacité fondamentale à décrypter la course en temps réel, condamné à ne la comprendre que lorsque je la rejoue mentalement, s’ajoute une inaptitude totale à sprinter. Savoir sprinter est une qualité indispensable au coureur cycliste, que ce soit pour l’emballage final, ou pour simplement lancer ou contrer une attaque. En triathlon, on ne sprinte jamais à vélo, puisqu’il faut courir derrière! Même lorsque rouler en peloton est autorisé, les attaques ne sont jamais franches et tranchantes, et personne ne s’amuse à sprinter sur la ligne. Et donc on ne développe pas cette capacité très singulière, la fameuse giclette qui pendant quelques secondes vous propulse, même au-delà de l’épuisement, et qui de toute façon m’est génétiquement totalement étrangère.

Décidément, le cyclisme n’est pas un sport pour moi. Bien sûr il faut des jambes, mais il faut en plus être malin, sensoriellement alerte, fin psychologue. Un exercice qui nous renvoie violemment dans la figure une complexité, une confrontation à l’autre, une violence typiques des vies socioprofessionnelles modernes, et auxquelles justement je cherchais à échapper par le sport. Tout faux sur ce coup-là!

Fin de saison – La Baule

Comme tous les ans, fin de la saison et dernière compétition de l’année (en famille!) au triathlon de La Baule, une épreuve que j’apprécie toujours pour son ambiance, sa nage en mer et sa fameuse baston, et surtout sa popularité: plus de 7000 concurrents aux différentes épreuves, la plus grosse organisation de France!

Bonne course, puisque je finis dans les 30 premiers, et surtout premier master (les + de 40 ans). Ça fait plaisir la semaine de mes 50 ans de pouvoir battre encore les petits jeunots de 40 😉 ! Plaisir d’un podium master que je pensais ne plus pouvoir connaître…

Maintenant, la coupure…

 

 

Vice Champion de France

Participé aux Championnats de France de Triathlon ce WE, près de Poitiers.

Une très belle course, dans un cadre bucolique et champêtre. Content du résultat, puisque je termine 2ème – pas au scratch bien sûr, mais dans ma catégorie de vieux (50 ans et plus): enfin un avantage à passer les 50 ans cette année! Et un titre de vice-champion avec lequel je vais enfin pouvoir me la péter grave! Et une belle médaille d’argent (une silber-médaille! OK, aussi un peu en chocolat) arrachée avec les dents…

J’avais repéré le premier dès la fin de la natation, puisqu’on était sorti de l’eau à peu près ensemble. On roule un peu ensemble, et à la première bosse, plutôt que de me mettre trop dans le rouge dès le départ pour l’accrocher, je préfère le laisser filer. Bon calcul puisque je le reprends 25km plus loin. Par contre vraiment trop une buse en course à pied, je n’ai rien pu faire quand il m’a déposé…

Pas beaucoup de participants à ces Championnats (250), mais quand même de la qualité: je suis moins bien classé au scratch qu’à Paris (où on était 4500 au départ) – avec le même classement en groupe d’âge (2ème).